











Les comptes rendus des Diagonales sont imposés par le réglement. Ils doivent décrire le matériel utilisé, la composition de l'équipe, les circonstances du dèroulement de la Diagonale, et surtout permettre de fixer par écrit tous les dètails particuliers (émotions, incidents, hauts et inévitables bas) qui font que chaque Diagonale est unique et personnelle.
Loin d'être une corvée, cet exercice d'écriture (dont la longueur n'est pas imposée) est l'occasion pour le diagonaliste de revivre sa Diagonale et d'exprimer ce qu'il souhaite en conserver dans son souvenir.
Voici quelques extraits de comptes rendus, parmi le grand nombre d'extraits publiés dans les éditions du Petit Diagonaliste, le bulletin semestriel de l'Amicale des Diagonalistes de France (il s'agit ici d'extraits de comptes rendus constituant les Revues de Passages des Diagonales depuis 2004 et tirés au hasard. Si vous visitez cette page ultérieurement, vous tomberez peut-être sur d'autres comptes-rendus! Bonne lecture
Plus que tout autre, le Diagonaliste a le coeur toujours prêt à fondre...
Le col de la Babourade amorce une longue et fraîche descente sur Lavelanet. Sur notre gauche, la neige chapeautant les Monts d'Olme brille sous le soleil levant, superbe. La boulangère, sensible au fait que nous admirons la beauté de la région, nous offre les deux jésuites (gâteaux aux amandes) dont on venait de faire l'acquisition. Elles sont belles nos Pyrénées! dit-elle en nous remettant les carnets de route tamponnés.
Cette marque de gentillesse réchauffe le coeur, à l'issue de notre périple nous promettons de lui envoyer une carte postale d'Hendaye?
Jean-Claude et Nicole arrivent nuitamment à Orthez...
Allons-nous y trouver un bar encore ouvert au-delà de minuit? Eh bien oui, quelle chance! Il va bientôt fermer certes et le garçon de café a déjà rincé sa machine à boissons chaudes. Pas très sympathique et sans doute fatigué par une dure journée de travail, il refuse de nous servir les cafés tant espérés (il commence à faire frisquet et le sommeil risque peut-être de nous emporter bientôt?). Nous n'insistons pas. Mais un consommateur, apprenant que nous arrivons en ligne directe de Carcassonne, oblige quasiment le récalcitrant à nous préparer, en renâclant, les précieux breuvages! Merci, Monsieur, et merci aussi de nous avoir offert les consommations en prime (il faut dire que ce monsieur était presque unpays, un ex-Tourangeau, originaire de Richelieu)!
A Perpignan, les hôtels sont pleins (ceux indiqués par le guide FFCT) et on nous dirige sur l'Hôtel Victoria. Coup de chance, il reste une chambre. Nous y sommes très bien accueillis. Au petit déjeuner, les croissants ont même été doublés pour les cyclistes supposés affamés. Le patron prend aussi le temps de s'asseoir avec nous et de bavarder un moment. Au vu de nos exploits, il nous offrira le petit déjeuner. Une bien conviviale rencontre, et sans risques... (Claude a évoqué dans son compte rendu une cohabitation routière pleine de dangers avec la gent motorisée!)
Les autres, c'est pas l'enfer.
N'en déplaise au philosophe-écrivain, nous avons connu, nous, le paradis avec les autres.
Certains nous ont carrément pris pour des héros et nous auraient presque érigé une statue si nous avions eu le temps de prendre la pose. Telle cette caissière de Tain- l'Hermitage qui nous demandait naïvement Vous faites l'Ardéchoise? comme une petite parenthèse avant de foncer sur Brest. Tous les hôteliers rencontrés se sont montrés d'une rare prévenance... pour nos vélos, s'inquiétant de les mettre en sûreté et s'assurant que nous avions bien mémorisé le parcours à suivre pour trouver une sortie qui, dans le noir des petits matins et le mystère des lieux inconnus, constitue parfois un vrai labyrinthe. Une étoile spéciale à l'hôtelière de Châtillon-sur-Indre. Totalement démunie, n'ayant servi aucun repas de la journée, elle se coupa en quatre, malgré notre arrivée tardive (21h30), pour nous présenter des assiettes sinon gastronomiques, du moins dignes d'un appétit de Diagonaliste, tout cela en n'oubliant pas de suivre le match France-Croatie où la France fut à deux doigts de la défaite, celle-ci aurait pu venir des pieds de Mornar à la dernière minute. Qu'aurait-elle servi à ces petits Belges, notre hôtelière française, si ce Croate jouant en Belgique avait planté un troisième but dans les filets des Bleus?
Et que dire de l'accueil de la boulangère de Sainte-Maure-de-Touraine? Après le dialogue standard de tout commerçant Vous venez d'où? Vous allez où? voilà qu'elle parle de son père tout juste parti prendre le départ du Tour de France cyclotouriste.
Ah ça, chère madame, c'est du costaud! Nous connaissons le parcours. Votre père, alors, c'est un dur..., un vrai... etc, etc...
- Oui, même que son petit-fils... Ah mais, justement le voilà!
Et Toni, 12 ans, de nous détailler le tout nouveau vélo de son héros de Papy, sa préparation, son entrainement. La réalisation d'un rêve, pour lui aussi! D'où nous eûmes encore droit à un grand café, avec lait et sucre, et un croissant tout chaud.
Mais il faut reprendre la route, car, comme dit le proverbe oriental: Si tu t'arrêtes chaque fois que tu entends un chien aboyer, tu n'arriveras jamais au bout de la route.
Vous avez dit: Tous les mêmes, tous pourris? Désolé, mais vraiment pas d'accord.
Oui, même ceux-là qui sont accusés de tous les maux parce qu'ils se trouvent toujours là au mauvais moment et à la mauvaise place (pour nous), je veux parler des policiers, ont été toute prévenance, toute gentillesse, tout sourire: telle cette gendarmette chargée de détourner toute circulation du centre de Châteaubriant, bloqué par les préparatifs de la fête de la musique, qui nous laissa gentiment passer: C'est bien parce que c'est vous! Tel encore ce policier de Brest qui, service terminé, quittait la ville au moment où nous y entrions et qui fit demi-tour pour venir nous prévenir qu'Adam venait de terminer et nous avait laissé un message. Ce n'était pas là une tâche de fonctionnaire qui s'acquittait d'une corvée, mais le geste d'un homme heureux de nous voir réussir et qui prenait de son temps pour nous témoigner son admiration. Son collègue du commissariat fut lui aussi tout à fait charmant.
En chemin vers Strasbourg, Laurence et Olivier ont pointé à Vienne...
La longue montée pour sortir de la ville est pénible. Les premières chaleurs éprouvent nos organismes. L'apathie nous guette. Soudain, un inconnu au bord de la route nous applaudit et nous dit: Bravo!. Encore un qui a bu un coup de trop! pensons-nous. Nous poursuivons notre route. Quelques instants plus tard, l'individu nous double dans sa vieille 205 rouge en nous dévisageant. Son faciès, lui aussi, commence à nous dire quelque chose. Nous entamons une belle descente après le lieu-dit Lafayette. Au bas, l'homme mystérieux nous attend. Nous stoppons pour voir ce qu'il veut. Il se présente: Bernard BAUD, diagonaliste de son état.
Il est membre du Service d'Accompagnement qui vient en aide ou à la rencontre des cyclos traversant la France en Diagonale. Il a fait spécialement le déplacement pour faire notre connaissance. Quelques conseils judicieux de sa part sur l'itinéraire pour rejoindre Crémieu nous feront gagner de précieuses minutes. Une photo immortalise l'instant.
Notre indolence s'est évanouie. La rencontre d'un sariste: ça donne du Boum! au coeur.
C'est vrai, la preuve, sur la route de Brest...
Après Plélan-le-Petit, deux cyclotes se profilent à l'horizon. Le SAR est de nouveau sur la brèche. C'est Josiane LESNÉ accompagnée de sa soeur Marie-France qui ont décidé de voir enfin ceux qu'on ne voit jamais sur Strasbourg-Brest. Effectivement c'est notre 4ème inscription à cette Diagonale mais seulement notre première tentative. Trois départs ajournés: en 2000 pour cause de méforme, en 2001 pour maladie, en 2002 trop fatigués par la première Diagonale. Trois fois où Josiane est venue à notre rencontre sans succès. C'est dire si l'attente fut longue pour elle et pour nous. Car cette dame est déjà dans la légende des Diagonales grâce à ses réussites en solo. Encore une Diagonale et elle rentrera dans le cercle très fermé des femmes présentes au Palmarès[...] L'enthousiasme et l'énergie des soeurs LESNÉ nous réveillent définitivement. Elles prennent les rênes de la Diagonale pour quelques kilomètres. J'abandonne la lecture de carte et nous nous laissons conduire, profitant d'une Bretagne sous un beau soleil. L'allure s'est accélérée. La conversation s'engage, Laurence avec Josiane, Olivier avec Marie-France. Très prévenantes, elles s'enquièrent du lieu où nous souhaitons déjeuner.
Après quelques tergiversations, Moncontour est retenue comme pause petit déjeuner. Josiane connaît un bistrot pour éviter le centre ville. On lui fait une totale confiance. A peine descendus de nos bicyclettes, Josiane et Marie-France prennent note de notre commande de boissons et filent promptement au bistrot. Faut pas perdre de temps! Nous y dégustons un tourteau fromager. Pendant que nous remplissons nos estomacs, vite, Josiane nous réclame les carnets de route pour les faire tamponner. C'est sûr, avec les soeurs LESNÉ, on ne musarde pas. Fini de manger? Allez hop! On enfourche nos montures et c'est reparti. Nous continuons à deviser tout en prenant une sérieuse avance sur le tableau de marche. Marie-France nous quitte à Corlay. Quant à Josiane, elle nous invite à manger dans un routier à Plounevez-Quintin. C'est un repas d'adieux car c'est ici qu'elle nous quitte. Cela nous aura coûté l'heure et demie d'avance mais Josiane LESNÉ le valait bien.
Comme c'est vrai!
A un carrefour, une personne fait signe de m'arrêter: Bernard en personne! Se faire accueillir par le Président lui-même! La rencontre est brève mais si intense. Le plaisir de voir une personne connue, recevoir des propos chaleureux, se restaurer, écouter ses encouragements, ses conseils de route, sont des moments forts de cette randonnée.
Le Président me pousse dans le dos pour me relancer sur la route. Fallait-il l'écrire? C'est contraire au règlement? Suis-je donc coupable d'une poussette illégale et non sollicitée, mais il n'y avait pas de témoins? Exclu à vie de l'Amicale, alors que je n'en suis qu'à ma troisième Diagonale? Banni du monde cyclo? Reclus à jamais dans mon garage en admirant cette bête de course qui me faisait voyager et vivre des instants mémorables! Je vis peut-être ma dernière Diagonale!!! Je vais poser un recours auprès des hautes instances de ma confrérie, et demander la mansuétude du jury!
Le Grand Duc Bernard de Saverdun me dépassa, fier et hautain dans son carrosse métallique tiré par des centaines de chevaux, me faisant un signe chevaleresque m'invitant à aller à la conquête des territoires encore inexplorés sur mon fidèle destrier azur...
Il ne s'agissait évidemment pas d'une poussette, mais d'un adoubement!
Après plusieurs Diagonales en équipe, René est parti cette fois en solo... Il est certain que l'on ne parle pas beaucoup quand on est seul, écrit-il, mais on a énormément de choses à songer car il faut penser à tout et ne pas se tromper. Le temps m'est compté et la moindre erreur n'est pas gratuite...
Alors bien sûr, la complicité des Saristes devient un vrai cadeau!...
Après Rives, Jean-Philippe BATTU, Sariste de l'Amicale des Diagonalistes de France m'attend et m'accompagnera jusqu'à Grenoble que nous atteindrons au crépuscule par de petites routes tranquilles et des pistes cyclables que seul un Grenoblois peut connaitre. Sa compagne Isabelle et lui m'accueilleront chez eux. Ils m'avaient préparé un repas qui me requinqua des fatigues de la journée ainsi qu'un lit douillet pour une nouvelle nuit courte mais réparatrice; mon vélo se reposant aussi au chaud dans le salon pour la nuit. Je fus dorloté, choyé, si bien que je me demandais si j'allais repartir le lendemain matin. Un grand merci à ce couple aussi sympathique.
Il est déjà 4 heures lorsque Jean-Philippe essaie de me tirer des bras de Morphée. Le petit déjeuner est prêt. Jean-Philippe m'accompagnera jusqu'à la sortie de Pont de Claix, sur la N75. j'espère pouvoir lui rendre un jour le même service à l'occasion d'une de ses Diagonales.
Après un arrêt repas d'une heure dans une cafétéria de Dax, nous reprenons sous le soleil. Direction Riom-des-Landes où nous devons retrouver Michel, notre président, qui nous avait emmenés le matin même en voiture à Hendaye et qui voulait faire un bout de chemin avec nous. Les retrouvailles se sont faites à l'heure dite. Alors que nous roulions tranquillement vers Sabres, nous croisons un cyclo qui fait demi-tour et remonte jusqu'à nous. Il s'agit de Christian Diandet, le Sariste local, qui est venu nous faire un petit bonjour. C'est donc à quatre que nous roulons ainsi jusqu'à Sabres où nous avons un contrôle. Nous prenons un verre ensemble et Christian vient à peine de nous quitter que surgit un couple de cyclos du club local. C'est un couple que nous rencontrons régulièrement dans les randonnées environnantes et qui est venu, à la demande de Michel, faire gentiment un bout de route avec nous. Décidément, la forêt landaise habituellement si déserte et si monotone est aujourd'hui le lieu de bien des rencontres! Ce n'est qu'à partir de Luxey que Jean-Louis et moi nous retrouvons seuls. Merci à ceux qui nous ont accompagnés. C'était vraiment agréable de se sentir soutenus même si le rythme imprimé par nos anges gardiens était quelquefois un peu élevé!
Aspres-sur-Buech est en vue quand un automobiliste à l'arrêt nous fait de grands signes. Il s'agit du Diagonaliste Jean-Paul Dreno avec son épouse, en vacances dans le coin et qui, dit-il nous a immédiatement reconnus à notre allure.
Rencontre sympathique et inattendue, avec échanges des mots habituels. Jean-Paul propose de l'outillage et trouve preneur avec Bertrand qui va jouer de la burette à huile, mais aussi avec nos nerfs.
Il faut le voir minutieusement, goutte à goutte, en déposer une sur chaque maillon, et comme il y en a plus de cent, au bout de quelques minutes nous trépignons tous à le regarder oeuvrer avec le plus grand calme. Sait-il encore à cet instant qu'il est sur une Diagonale? Que nous sommes en retard? Je me demande ce que ferait Bertrand en tête à tête avec une superbe créature blonde qui aurait une boîte à outils pour sac à main... mais tout a une fin, et notre mécano arrive au bout de son huilage consciencieux. Les Dreno nous proposent à manger mais ça va pour le moment. Merci et au revoir, les amis!
Oui, je viens d'achever ma 9ème Diagonale par un coup d'éclat, AVEC UN VÉLO VOLÉ! Je l'avoue, j'en suis fier et, s'il le fallait, je recommencerais.
Ainsi débute le récit de Jean-Pierre REBOUCHÉ qui explique plus loin...
Vers 5h15, ce samedi 31 juillet, jour de départ et de retour de vacances, j'entre dans Montoison encore plongé dans l'obscurité. Je remarque à cette heure matinale une vitrine éclairée sur la gauche: une boulangerie. C'est le pied! N'écoutant que ma faim je stoppe, dépose mon engin contre la vitrine et entre faire mes achats après avoir ouvert ma sacoche avant, retiré du petit sac étanche vert qui contient porte-carte, papiers, argent, carnet de route, le petit porte-monnaie qui, je le vérifie, contient 4 Euros et quelques centimes. Puis je repose le petit sac vert dans la sacoche dont je rabats la partie mobile sans la fixer (gardez-le en mémoire).
Je suis en train de faire mon choix quand le boulanger, qui est face à la vitrine, me dit:
On vole votre vélo!
Je sors précipitamment du magasin pour voir à 20 mètres une silhouette en danseuse s'enfuir dans la descente. Je cours derrière le voleur mais le Petit con! que j'ai lâché ne l'a pas intimidé et il disparait. Je reviens sur mes pas tout abasourdi. Après quelques instants, le boulanger se décide: Je prends ma voiture, gardez le magasin
Il court jusqu'à son véhicule et disparait dans le noir.
Je reste comme un c.. sur le trottoir à gamberger sur cette Diagonale BM, la dernière des neuf et également, je me le suis juré, ma dernière tentative quoi qu'il advienne. L'arrivée était pour demain 15 heures, j'avais parcouru 1000 km, j'étais à une longueur du bonheur, sans problème physique. Décidément, la direction de Menton me porte la poisse, avec 4 échecs dont 2 sur BM avec un arrêt à Valence, un autre à Charmes-sur-Rhône, à 15 km de Valence, et cette fois à Montoison, soit à 30 km de Valence! C'est l'échec qui me désole le plus, pas la perte du vélo ou de l'argent et des papiers et cartes. À 5h30 je suis là sur le trottoir, en tenue cyclo, 4 euros en poche, ou plutôt en main car je n'ai même pas de poche ce matin puisque j'ai décidé de remplacer le maillot par un tee-shirt. Et donc, de mettre en sacoche téléphone et sac imperméable!
Dix à quinze minutes plus tard, le boulanger revient bredouille et m'invite à entrer dans son arrière-boutique où il m'offre de l'eau puis du café préparé par sa femme qu'il a informée de ma mésaventure. Nous bavardons de mon malheur. Il me dit être aussi cyclo à ses moments perdus et il connaît les Diagonales. Il se propose d'appeler la gendarmerie pour leur signaler le vol. D'après ce que j'entends, l'accueil est poli mais pas empressé. L'équipe de permanence à cette heure est partie sur une autre affaire de vol et ils viendront dès que possible. Puis il me conseille de faire opposition sur ma carte bancaire et les chèques volés, ce que je fais aussitôt. Puis je me dis que l'opposition sur les chèques risque de s'étendre au carnet en possession de ma femme. Elle est à Vaison-la-Romaine et je ne connais pas son numéro de portable, qui est en mémoire SIM dans mon propre appareil... qui lui, est dans la sacoche qui est... et j'en passe!
Je gamberge pendant les absences du boulanger. Il faut que je trouve un moyen rapide de récupérer des liquidités pour remonter chez moi à Lille (ma clé de maison est dans la sacoche!). Nous sommes samedi matin et je me vois coincé sur place pour plusieurs jours... et les Restos du Coeur sont fermés à cette saison. La seule solution est que mon hôte accepte de m'avancer de l'argent. J'amorce la conversation dans ce sens sans trop insister, mais en le répétant en présence de son épouse.
C'est alors que, vers 6h30, arrivent les gendarmes: gendarme et gendarmette. J'explique ce qui est arrivé, ils me demandent de lister dans le détail les objets volés et se proposent de m'emmener à Loriol, à la brigade, pour porter plainte. Après 10 à 15 minutes, ils décident d'aller d'abord faire un tour d'inspection dans les environs avant de revenir me chercher. Mais ils ne me laissent que peu d'espoir.
Après leur départ, j'essaie de mettre en confiance le couple de boulangers, et après une rapide concertation ils acceptent de me donner un chèque en blanc pour payer la SNCF. Je leur conseille d'ailleurs de l'intituler de suite à l'ordre de la SNCF, ce qui est fait. En outre, ils acceptent de me prêter 100 euros en liquide pour le reste, vêtements, nourriture... J'ai vraiment rencontré de braves gens dans mon malheur. Les braves gens existent encore! Me voici sorti du pétrin. Le boulanger, lui, y est retourné tandis que sa femme sert au magasin.
Je rumine seul dans l'arrière-boutique quand soudain réapparait la gendarmette et... coup de tonnerre! Venez avec moi, nous avons retrouvé votre vélo. Mon collègue est resté sur place pour le garder.Trois cents mètres plus loin en effet, près d'une autre boulangerie bordée d'un terrain en friche et d'un chemin de terre, à 30 ou 40 mètres de la rue j'aperçois le vélo appuyé contre une haie. Sur le sol tout autour est éparpillé le contenu de mes sacoches. Mais pas de petit sac vert contenant carnet de Diagonale et porte-carte. Je commence à rassembler le puzzle quand le gendarme resté sur place m'informe que la boulangère d'à côté lui a signalé que, le matin même, des enfants entrant chez elle lui ont déposé un objet trouvé sur le trottoir. Il part le chercher pour vérifier s'il ne m'appartient pas et... il revient avec, dans les mains, miracle ou mirage, mon sac vert. J'ouvre la fermeture éclair et sors le carnet de route, le porte-carte. Ce dernier contient toutes mes cartes et même ma réserve de billets de banque. Je vous laisse imaginer ma joie d'avoir retrouvé vélo et papiers. Je n'ai pas embrassé la gendarmette mais c'est tout juste!
M'ont tout de même été volés le réveil, l'outil multiple, mon couteau suisse flambant neuf et une pêche (pour la soif!). J'ai même retrouvé mon portable à terre, dans son étui. Je remercie encore les gendarmes, refuse d'aller porter plainte-délai oblige-et reviens à ma boulangerie préférée. Ces braves gens sont aussi heureux que moi et me congratulent. Je leur rends le chèque en blanc mais emprunte tout de même 50 euros en cas d'insuffisance de ma réserve.
C'est près de 3 heures après mon arrêt forcé que je repars dans le flot de la circulation...
Jean-Pierre bouclera sans autre problème (c'était bien suffisant pour mettre un peu de sel!) sa Diagonale et par la même occasion le cycle des 9 traversées de la France.
C'est un constat tellement récurrent qu'on s'y attarde désormais rarement...
Tout est balisé pour les automobiles et bien peu de choses sont faites pour les vélos. C'est parfois un joli jeu de piste que de dénicher la voie parallèle à la voie expresse qu'est désormais la RN 165. A ce jeu, on finit tantôt sur la bonne route, tantôt dans des cours de stations-service ou au fond de villages. L'astuce étant d'aller le moins souvent possible dans les cours de stations-service et le plus souvent possible dans la bonne direction, pour ne pas faire durer le plaisir au-delà du raisonnable...
Mon raisonnable, c'était Nantes à la tombée de la nuit. Et malgré les kilomètres excédentaires dus aux menues erreurs de parcours, aux traversées de villes jamais aussi courtes que la ligne droite idéale, et aux divergences cumulées des cartes et de mon compteur, je suis arrivé à Nantes en avance sur l'heure théorique. J'ai même sur la fin préféré longer la Loire depuis Couéron. Las! Le sympathique moment sur la piste cyclable au bord du fleuve ne dure pas. Après, les zones industrielles n'en finissent pas de finir. Et comme à Brest, le regard se reporte immédiatement sur le capharnaüm des bords de routes abandonnés aux cyclistes. Tessons de bouteilles, cartons, planchettes et autres détritus invitent au zigzag...
Entre Dunkerque et Menton...
A Grenoble, un réseau de pistes cyclables me met à l'abri des automobiles mais pas des crevaisons, et pour
les éviter, il me faut louvoyer entre les débris de toutes sortes. Ah! les pistes cyclables, c'est bien, mais les entretenir c'est mieux et plus rare...
Et sur le chemin de Menton à Hendaye...
Arles, 4h du matin, départ toujours aux mêmes heures! Je prends la route pour les Saintes-Maries-de-la-Mer, c'est ma direction. Mais le but c'est bien Aigues-Mortes et une fois encore ce maudit panneau qui me signale que l'accès de la route est réservé aux voitures! J'emprunte alors un passage souterrain qui est réservé aux cyclistes et qui, dans ma candeur, doit me permettre de rejoindre la bonne route, véritable coupe-gorge à peine éclairé par de petites lanternes.
J'arrive au bout de 3 ou 400 mètres interminables dans une cité HLM, une impasse! Demi tour en colère, je reviens sur mes pas, si je puis dire. Que faire? Et j'aperçois une station-service ouverte. Son aimable pompiste derrière sa vitre blindée m'indiquera que la route que je cherche existe bien, qu'un pont enjambe le Rhône. En effet, je suis maintenant sur le bon chemin mais aucune indication ne mentionnait cette direction. Tout est fait pour la circulation automobile et pour encourager l'accès aux voies rapides, et payantes si possible!
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