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Les comptes rendus des Diagonales sont imposés par le règlement. Ils doivent décrire le matériel utilisé, la composition de l'équipe, les circonstances du déroulement de la Diagonale, et surtout permettre de fixer par écrit tous les détails particuliers (émotions, incidents, hauts et inévitables bas) qui font que chaque Diagonale est unique et personnelle.
Loin d'être une corvée, cet exercice d'écriture (dont la longueur n'est pas imposée) est l'occasion pour le diagonaliste de revivre sa Diagonale et d'exprimer ce qu'il souhaite en conserver dans son souvenir.
Voici quelques extraits de comptes rendus, parmi le grand nombre d'extraits publiés dans les éditions du Petit Diagonaliste, le bulletin semestriel de l'Amicale des Diagonalistes de France (il s'agit ici d'extraits de comptes rendus constituant la Revue de Passages des Diagonales 1999 - Petit Diagonaliste nº37; les commentaires en italique sont des rédacteurs Annie et Alain Charrière, les NDLR du rédacteur en chef Francis Pouzet; à la fin de chaque extrait figurent en gras le nom de l'auteur et la Diagonale effectuée):
Les Diagonales sont ici appréciées, les prémices décrites avec force détails, notamment ferroviaires, et les nationales (et parfois les autoroutes!) choisies comme dangereux terrains d'évolution. On trouve aussi quelques souhaits de réforme dont il convient de renvoyer les auteurs à leurs chères études...d'itinéraire.
Que retirons-nous d'une Diagonale?
La joie des vrais moments, de ces rares périodes de notre vie trop douillette à mon goût, où le naturel animal ressurgit de la "bébête domestique".
Alain ROY(H-S)
Le plaisir des départs aux petits matins frileux pour une solide journée de vélo sur des routes inconnues ou oubliées, la rencontre impromptue du compagon Sariste au moment où la route (ou les mollets?) commence à peser, et qui par son enthousiasme et sa sympathie permet une fin de journée plus guillerette, résolument tournée vers des lendemains souriants.
Pascal COUDERT(B-P)
Les charmes de la lecture de la carte routière, des aléas de l'approvisionnement en randonnée et du savant calcul de ses possibilités face à une épreuve donnée, en ne comptant que sur soi-même. Je pense que c'est cela qui doit faire la fierté de réussir une Diagonale, plus que l'exploit physique qui n'est, après tout, qu'une affaire de génétique (quand on ne prend pas d'E.P.O.).
Pascal PONS, René JAUMES(B-M)
La Diagonale m'entraîne au fond de moi pour cueillir l'énergie qui me fait avancer lorsque mes forces commencent à diminuer. C'est pour moi comme un compagnonnage, une façon de se mettre en question en permanence, une façon de vivre exaltante.
Bernard CORDIER, Hervé FRANCOIS, William COULEVRA(B-P)
Pourquoi j'ai fait cette Diagonale:
Paul GOUTAILLER, Gérard FAYET, J-P CHAVALARD, Bernard BERTINELLI(D-H)
L'avant - Diagonale:
Quelle intention singulière pour un nordiste que de rallier Menton et sa Côte d'Azur à Brest et sa côte armoricaine? Quitter le soleil pour retrouver le crachin. Abandonner les citrons pour reprendre des artichauts. Echanger un "pan-bagna" contre une douzaine de crêpes. Seul un diagonaliste peut avoir une idée aussi saugrenue, ou un breton en mal du pays. Heureusement, la Bretagne vaut mieux que ces clichés. C'est une région magnifique qui mérite un détour et même un voyage.
Laurence CRETON, Olivier BOUTINAUD(M-B)
Je m'attaque à une rebelle. Alors que j'ai dompté les autres au premier essai, deux fois pour des raisons diverses j'ai dû renoncer avant terme sur cette traversée Strasbourg-Perpignan. Je me suis donc attaché en particulier à la préparation mentale et c'est animé d'un moral d'acier que je quitte la capitale de l'Alsace.
Francis RAULT(S-P)
Un soir de mai, alors que j'observe la carte de France au millionième, je prends conscience que la ligne directe reliant Strasbourg à Brest traverse la région parisienne. Lapalissade, certes! Pourtant, cette caractéristique revêt pour moi un intérêt particulier. S-B passe à proximité de mon domicile de St-Cloud! Il suffisait d'y penser. Dans la seconde qui suit, la décision est prise de tenter cette Diagonale, avec étape à domicile.
Le plan de route est rapidement mis au point pour cette dixième Diagonale et première "inverse". Tentative solitaire, routes secondaires et découpage en deux étapes de 500 et 600 km, avec un généreux temps de repos à la maison.
Hervé THOMAS(S-B)
Gare au train!
A la gare de Dax, départ du train à 9h. Arrivée à Paris à 13h35. Nous avons une heure pour aller de Montparnasse à la Gare du Nord par le métro avec nos vélos et sacs sur le dos. Il n'y a pas de temps à perdre. Ca ressemble à un contre-la-montre: un exercice très éprouvant. L'arrivée à Dunkerque est prévue à 16h37.
Remontage des vélos et emballages des housses dans un paquet-poste. Nous avons rendez-vous à l'hôtel "Le Lion d'Or" à 18h. Le patron nous offre à boire et accepte de porter les colis à la poste dès le lendemain matin pour les expédier à Menton poste restante. Pour le remercier, nous lui promettons de lui envoyer une carte postale de Menton.
Bernard LABURTHE, Jean-Pierre ROUBIN, Joseph OLAZAGASTI(D-M)
Départ en train de Grenoble. Comme à l'habitude, je ne tiens pas compte de la réglementation SNCF qui n'autorise pas les vélos dans tous les trains. J'impose le mien avec ma tactique habituelle: je me positionne soit en queue de train, soit en tête derrière la loco (ceci est fonction de l'endroit du quai où j'ai repéré le contrôleur, car pour éviter toute observation de sa part qui mettrait en échec ma stratégie, je laisse une distance certaine entre lui et moi...), je monte le vélo près du sas inutilisable, je l'assure avec les mini-sandows de mes sacoches de façon à gêner le moins possible d'éventuels passagers ou utilisateurs des toilettes et je m'assieds dans le compartiment le plus proche.
Jusqu'à ce jour on m'a rarement fait observer que le train n'était pas prévu pour transporter les vélos - en général le contrôleur n'évoque même pas le sujet, ou mieux me suggère un endroit plus adéquat pour garer le vélo - et jamais une seule fois on ne m'a empêché de rejoindre ma destination. Ceci est valable aussi bien pour les trains de jour que pour les trains de nuit, mais je n'ai jamais tenté ma méthode dans les TGV.
Robert DE RUDDER(P-D)
Qui dit Diago suppose organisation méticuleuse de plusieurs semaines. J'avais conçu le schéma suivant: Digne-Lyon en voiture, le lundi 21 avec nuit d'hôtel à proximité de la gare, la voiture restant dans le garage fermé de l'hôtel; TGV de Lyon à Brest le 22 et re-dodo près de la gare; du 23 au 26, l'épreuve proprement dite et hébergement à Strasbourg; enfin le 27 retour à Lyon par train et récupération de la voiture pour retour au bercail. Nous tiendrons ce programme à ceci près que le TGV arrivera avec deux heures et demie de retard à Brest. Laurent et moi-même avions nos vélos dans des housses que nous avons réexpédiées à Strasbourg à l'aide des fameux colis "Diligo" de la poste.
Gérard MEUNIER, Dominique DEVOS, Laurent MOURANCHON(B-S)
Nationales et autres chaussées mal pavées:
J'ai eu la bonne idée (!!!) de tracer mon itinéraire sur la N20 de Caussade à Cahors, puis de Cahors à Brive, en imaginant qu'avec l'autoroute, la N20 devait maintenant être tranquille. J'y trouve une file ininterrompue de voitures, caravanes, camping-cars, camions. Seul point positif: le vent s'étant maintenant levé, toujours de ¾ face gauche, les camions en me doublant me font un appel d'air qui me propulse en avant, augmentant ma vitesse de 5 à 6 km/h à chaque fois.
Robert DE RUDDER(P-D)
A cette époque de l'année, les R.N. sont en travaux, de plus elles sont balisées en bleu (autoroute), donc interdites aux vélos. Alors, si vous avez la malchance de rencontrer des motards, vous avez tout faux, même si vous faites l'ignorant. Pas de dialogue possible: nous devons sortir immédiatement.
Il va être de plus en plus difficile de choisir un itinéraire le plus court possible.
Catherine et Francis ROBERT(S-H)
N.D.L.R.: Catherine et Francis sont les premiers à avoir enchaîné Eurodiagonale, Diagonale, Eurodiagonale, réalisant ainsi la Grande Diagonale d'Europe Vienne - Strasbourg - Hendaye - Lisbonne]
Le diagonaliste est confronté à mille et une difficultés pour suivre les pistes cyclables, échapper aux rocades, perforer le centre des villes ou contourner les zones de travaux...
A propos de la piste cyclable Tartas-Dax:
"Cyclotourisme" en a fait l'éloge dans un dernier numéro, tout baignei... pas pour longtemps, à partir du moment où le jour nous a quittés. Inutilisable la nuit (nous sommes entre 22h et 23h), non éclairée, non matérialisée, OK pour les cyclos de jour. Pour les diagonalistes de nuit, il est vrai une minorité, c'est un véritable jeu de piste, à perdre du temps, à s'égarer, et ne parlons pas d'une chute éventuelle!
Pierrette et Guy GUILLOTEAU(S-H)
A l'approche de Dax, les "fichus" panneaux bleus me font chercher, parfois avec difficulté, la route parallèle autorisée aux vélos pour rejoindre Mont-de-Marsan. Il s'agit vraiment d'une partie de cache-cache. La petite départementale se trouve parfois à droite, parfois à gauche de la voie rapide. Quelques surprises émaillent cette quête de la bonne voie: tantôt, on se trouve dans un cul-de-sac, tantôt nez à nez avec une décharge d'ordures, tantôt, vers la fin, la voie rapide devient curieusement autorisée, alors que la circulation n'a pas varié!
Le temps de chercher, de tourner en rond, de maugréer, de questionner les autochtones fait que, vaille que vaille, j'arrive à Mont-de-Marsan à l'heure du dîner, sur lequel je ne lésine jamais.
Jean JANSSEN(H-D)
La Garonne est franchie à Marmande, pause déjeuner à Casteljaloux. A la sortie, on emprunte la piste, mais celle-ci conduit directement au terrain de golf. René n'ayant pas remarqué d'échappatoire, est obligé de franchir le fossé le vélo à l'épaule.
Viennent alors les longues lignes droites des Landes, le soleil chauffe, le vent nous apporte son soutien. Après une courte pause à Mont-de-Marsan, on emprunte la RN 124 et là, surprise, nous sommes sur une quatre voies, nous n'avons pas d'autre alternative. Quand il faut y aller, on y va. On baisse la tête, on tire sur la visière, et on appuie très fort sur les pédales pour s'échapper au plus vite de cette route sur laquelle on ne se sent pas tranquille. Nous avons déjà parcouru une quinzaine de kilomètres lorsque nous sommes interceptés à l'entrée d'un garage Renault. Là, nous apprenons que nous ne sommes plus sur la RN 124, mais sur l'autoroute!!!
Notre ami diagonaliste et accompagnateur [NDLR: Christian DIANDET] vise nos carnets et nous indique le bon chemin pour rejoindre Dax.
Joël LAMBERT, René BOULET(S-H)
Autres lieux de galère:
A Nice, nous empruntons la promenade des Anglais, nous empruntons la piste cyclable, où malheureusement il y a des travaux, ce qui nous oblige à faire du gymkhana entre les piétons, les chiens, les rollers et les autres vélos, mais la vitesse sur cette piste est limitée à 20 km/h! Sans mal nous trouvons la direction d'Eze.
Jacqueline et André GILLIOT(H-M)
La route de Bergues est fermée pour travaux sur le pont. Mais heureusement, ça passe pour les cyclos, à moteur ou à mollets, et devinez où? Sur la piste cyclable! Ce tapis, dont j'ai d'habitude horreur, me permet de franchir aisément l'obstacle. Je suis passé là hier soir, aussi je n'ai pas eu de doute quant à un éventuel détour!
Et oui, n'en déplaise aux responsables sécurité, et aux autres, je ne suis pas un fervent adepte de la piste, ou bande, cyclable.
Il faut dire que ce couloir à cyclistes, ce lieu de parcage, cette ségrégation déguisée (les cyclos n'auront bientôt plus le droit d'emprunter les routes nationales ou départementales!) est bien souvent, non, pardon, TOUJOURS, sale, souillé de gravillons, de sable et d'éclats de verre (fumier de buveur de bière...). Vive la consigne et l'autoroute: c'est large, propre... Bref, pour être clair, je ne roule que sur les pointillés de la bande cyclable... quand il y a beaucoup de circulation.[...]
Les cartes Michelin vieillissent mal aux abords des villes. Surtout après la construction d'une rocade. Mieux vaut alors suivre le centre ville... A Lusignan, seul mon sens de l'orientation, hyper développé et doté des toutes dernières options en matière de positionnement sur la surface terrestre, m'aide à retrouver la petite route de la Corberaie...
Un peu plus loin, le GPS n'y peut rien. Je demande ma route à la postière qui passait par là... par hasard? "Vous n'avez rien pour moi?", lui demandé-je en pensant à mon ami Dédé Jouannel... "C'est comment votre nom?", lâche-t'elle spontanément...
Philippe PETIT(D-H)
Le midi à Castelnaudary. Déjeuner: au menu: crudités, ensuite cassoulet (pas le choix). Je repars à 2h, direction Toulouse. Là, pas facile de trouver le centre - pourtant, je prends direction le centre - et j'arrive sur une rocade express. J'ai une trouille pas possible, j'arrête, j'enfourche la glissière et me voilà dans les champs: je fais marche arrière, dans les herbes, les ronces. J'arrive à un sentier qui me conduit à une piste cyclable. Bien sûr, je trouve des vélos et j'explique ma mésaventure. Ils ne sont pas surpris!
Enfin, pour rejoindre le centre de la ville, il vaut mieux être de Toulouse, autrement il vaut mieux circuler en voiture...
Christian NOEL(P-B)
Très grosse surprise dans la traversée de Rouen par la D3 et N338: celle-ci aboutit sans aucune indication sur l'autoroute. Que faire? Jusqu'au premier parking, après 10 km, tout est grillagé. C'est sans compter sur le service de l'équipement, "ange gardien de l'autoroute", qui passe par hasard et me propose de me guider vers la prochaine sortie (je ne peux dire sur quelle aile il m'a pris), et je peux reprendre ma progression.
Jackie DEVREESE(D-H)
J'atteins Le Mans en début d'après-midi. La traversée de cette ville est épouvantable. Je cherche désespérément l'indication de la départementale qui doit me conduire à Malicorne et je perds une bonne heure dans le dédale des rocades, giratoires et feux tricolores en surnombre, sans compter les voies interdites aux vélos et les sens interdits! Alors les traversées de grosses agglomérations en Diagonale, plus jamais ça!
Pierre ETRUIN(D-H)
Jusqu'à Pont-en-Royans, seule la pluie fine m'incommode, mais à Ste-Eulalie-en-Royans, une déviation m'annonce que le passage par les Grands-Goulets est fermé pour cause de travaux.
Je consulte "la Michelin": ce sont 20 km de détour, avec trois cols supplémentaires. Après un temps de réflexion, j'opte pour la déviation... C'est ici que se joue la Diagonale...
F. MAERTEN(D-M)
Arrivant à Vendine, nous faisons le pari de gagner du temps en ne suivant pas les indications de déviation pour travaux qui barrent la route. Plus loin, son état nous contraint à la marche à pied dans une couche de chaux ou de ciment poudreux. Nous voici dans un bel état, pris en pitié par un autochtone qui, lui aussi, pousse son vélo. Il nous invite à nous arrêter chez lui, et c'est avec un jet d'eau fraîche que sont nettoyées les roues et les chaussures et remplis les bidons.
Malgré ce contretemps, nous arrivons à Fronton à 18h00, après 239 km. Nous logeons dans une dépendance de l'hôtel normalement fermé, ce qui fait que nous sommes seuls à dîner.
Ghislaine et Roger DEVULDER, Max AUDOUIN, J-F CORBIN(P-B)
Luxey me signale ses premières maisons par ses lumières. Je m'arrête pour me harnacher du baudrier, de la frontale, et j'allume tous mes feux. Je continue sur ma lancée... Au prochain village... stupeur: il n'est plus sur ma carte. J'entre dans le café encore éclairé et demande: où suis-je? Vous êtes là, me montre-t'il en posant son doigt sur la table, à 20 cm de ma carte. J'ai suivi la D9 pendant 23 km et suis carrément revenu au sud.
Alors je récupère la route de Captieux pour rejoindre Langon, mon prochain contrôle. Cela ne m'affecte pas trop, malgré la pluie qui commence à tomber et la route de Langon, plus empruntée par les camions que mon itinéraire prévu.
1h45 du matin, je poste une carte après avoir sillonné Langon et apostrophé un boulanger au travail qui n'avait pas de tampon.
Alain ROY(H-S)
Il fait bon, les routes des Charentes sont bonnes, mais une déviation nous pose problème: le pont qui enjambe la Charente est impossible à franchir, même en portant les bicyclettes. Le tablier de celui-ci n'est plus. Il nous reste une possibilité: non loin d'ici, il y a un bac dit à chaîne, nous y allons. Pas de chance, depuis la coupure du pont, il ne fonctionne plus.
Nous établissons rapidement un nouvel itinéraire pour rejoindre Jonzac, ville contrôle. En fait, nous faisons peu de kilomètres supplémentaires, sauf qu'il nous faut passer par les coteaux et les vignobles pour aller de l'autre côté de la vallée, et ça grimpe bien!
Hervé FRANCOIS, William COULEVRA, Bernard CORDIER(B-P)
Incidents, accidents, confusions, larcins, pertes et autres ennuis contrarient nombre de cyclos.
Bris, bricoles et bricolage:
Quelques 20 km avant Montendre, un sariste Girondin nous rejoint, mais surprise, ce n'est pas pour nous qu'il est là, mais pour deux diagonalistes qui relient Dunkerque à Hendaye. Comme nos parcours sont communs, il restera avec nous jusqu'à Montendre.
C'est à environ dix bornes de Montendre que notre moral, au beau fixe jusque là, va en prendre un coup. La roue libre de Daniel C. décide de rendre l'âme! Un peu de fil de fer donné par notre sariste, et pignon fixe jusqu'à Montendre, où nous espérons une réparation; hélas, le vélociste du lieu n'a pas de roue libre adéquate, et ne nous paraît pas très excité par la perspective de faire des heures supplémentaires.
Il téléphone à son confrère de Jonzac qui lui dit avoir la précieuse pièce, et il accepte de nous attendre malgré l'heure tardive pour un samedi après-midi. Il y va de la réussite de notre périple.
Moyennant un petit détour, nous arrivons à Jonzac, où pourra s'effectuer la réparation, mais une heure et demie est partie en fumée.
Bernard AUSSILLOU, Daniel TUDON, Francis TOUZEAU, Daniel CRISTIN(P-B)
Il fait un temps correct, la route nous paraît bien douce après le relief de la veille et nous pédalons très bien. Le seul incident notable est la déchirure subite du cuissard de Didier, à un endroit évidemment mal placé, qui va l'obliger à une séance de strip-tease dans les sous-bois, sous les regards amusés des copains.
Cyrille ELLART, Serge FLAMANT, Didier FORESTIER, Bernard PATOUX(D-H)
A l'entrée d'Evreux, je décide de m'arrêter pour un arrêt technique, mais je n'arrive pas à décrocher la pédale droite. Panique à bord, virage en catastrophe sur le bas-côté herbeux, pied gauche à terre pour constater que je ne peux enlever le pied de la pédale qu'en y laissant une chaussure. La cale de chaussure est mobile, une vis, ou les deux, a certainement rendu l'âme.
Tout de suite, j'imagine le pire: impossible de continuer, la Diagonale est foutue, est-ce-qu'il y a une gare à Evreux, etc... Mais après inspection détaillée, ça a l'air moins grave qu'il n'y paraît et la clé à six pans remet les choses en ordre. Jusqu'à quand? On verra bien.
Robert DE RUDDER(P-D)
Je fais mes adieux à ma petite Marie venue m'accompagner avant le départ et me voici parti pour un périple de 980 km qui doit m'emmener à Perpignan. Afin d'éviter les "trous de mémoire", Marie m'a offert un dictaphone que je vais utiliser au mieux.
Pierre BEDELET(S-P)
Nous équipons nos vélos de sacoches et phares supplémentaires sur le trottoir devant l'hôtel, c'est là que je reçois dans le dos un porte-bonheur lâché par une mouette!
Jacqueline et André GILLIOT(H-M)
Ça commence donc la veille, soit le samedi 26 juin 1999. Arrivés à Brest en soirée, on s'affaire autour des vélos: éclairages, bagages, plaques de cadre... Et là, chacun de s'esclaffer et de s'esbaudir. Notre meilleur diagonaliste affiche, sur son rutilant Vitus, une plaque Brest-Strasbourg, vestige d'une Diagonale réussie il y a belle lurette. Une erreur de sa part? Une distraction coupable? Une substitution maligne? Pas possible! Et pourtant...
Et puis l'évidence! C'est bien la plaque reçue qui se trouve fixée sur le cadre, car les trois autres ont reçu la même plaque. L'erreur est à chercher plus haut, chez notre délégué fédéral qui, ce jour-là, était vraiment à côté de la plaque! Qu'à cela ne tienne, nous n'irons pas à Strasbourg en passant par Perpignan!
Roger GABORIAU, André TIGNON, Marcel LEFEVRE, Christian FIEVET(B-P)
Après quelques kilomètres, la tringlerie du garde-boue avant se signale. Arrêt, on resserre le tout, et là, j'en oublie ma casquette fétiche, celle que j'avais achetée au sommet du Mont Ventoux, je l'aimais bien, elle me rappelait des souvenirs. Je l'ai cherchée un moment dans la nuit noire, mais en vain. Tant pis, elle finira sa carrière hachée par une faucheuse de la DDE.
Joël LAMBERT, René BOULET(H-D)
En fin de matinée, premier problème technique. La patte de fixation de mon porte-bagage arrière casse. Grâce à l'inspiration des feuilletons du célèbre Mac Gyver, nous réparons rapidement avec un simple morceau de ficelle agricole. Cette réparation se révélera fiable car elle tiendra jusqu'à la fin de notre Diagonale.
J-C ROMARY, J-P ROYER(S-H)
Mardi matin, départ à 6h30, ça roule bien jusqu'à Mussidan. Arrêt petit déjeuner et ça repart mais mal, nous nous trompons de route, demi-tour et reprise de la route de Bergerac. Le porte-bagages de Michel fait du bruit, c'est tout à fait anormal, pourtant rien d'apparent, mais si! La soudure de fixation du porte-bagages a lâché, il faut vite intervenir, deux serflex bien placés et le porte-bagages retrouve sa rigidité d'origine.
Michel CURAILLAT, J-C AUGAY(B-P)
Rayons:
Comme dans toute pièce (de théâtre) qui se respecte (celle-là se déroule en cinq actes), l'incident! A St-Gervais, casse d'un rayon sur ma roue arrière, exceptionnellement je n'ai pas emporté de rayon de rechange, un dimanche, la poisse. La roue ira jusqu'à La Voulte, 300 km, où là le vélociste de service (avec beaucoup de chance car ordinairement le lundi il n'est pas ouvert...) me remplace les deux rayons (bris du deuxième 10 km avant La Voulte), ce qui assurera la rentrée à Menton... Ouf!
J-C BOBINEAU, Jacky DELBARY(B-M)
A la sortie de Vingrau, alors que je me mets en danseuse pour relancer la mécanique, un rayon de la roue arrière casse. Je monte jusqu'au sommet du Pas de l'Escale, mais le frottement étant trop important, nous sommes contraints de nous arrêter pour détendre les rayons. Nous repartons de plus belle tout en contrôlant la montre; il n'y a plus de temps à perdre. A l'entrée de Rivesaltes, je préviens Joël que ma roue arrière est crevée, réparation rapide et nous fonçons vers Perpignan.
Joël DE RUDNICKI, Bernard COSSU, Alain ODELOT(D-P)
A la sortie de la ville en empruntant la D117, très pentue à cet endroit (7 à 8%), il me semble que le pourcentage est double de ce qu'il paraît en réalité. Heureusement, ce n'est pas la fatigue, mais deux rayons cassés à la roue arrière, entraînant un frottement non négligeable sur les patins de frein. Malgré deux rayons prévus en dépannage et attachés au hauban arrière, nous décidons de dévoiler simplement la roue, d'examiner son comportement et de réparer seulement en fin d'étape à Cuisery si nécessaire.
Pierre BRON, Joël LE DENMAT(D-M)
Crevaisons:
Départ matinal à 5h30 d'Evreux, mais Jean-Luc est crevé à l'avant. Faux départ! Mais où sont nos pompes? Envolées... ou plutôt volées. Impossible de partir, Evreux est désert.
Puis je trouve une station-service avec gonfleur, mais pas pour valve vélo. Après bricolage avec chapeau de valve, je gonfle la roue de Jean-Luc et lui restitue sa roue à l'hôtel. Bref, la mauvaise plaisanterie nous coûte 1h30. Et sans pompe. Ce sera à Longny-au-Perche que nous en achetons une dans une quincaillerie. OUF...
Marc et Jean-Luc MONIER(D-H)
A 69 km du départ, Jean-Paul crève à l'arrière. Entre deux grosses averses, la réparation s'effectue. Nous repartons pour rouler vingt mètres, deuxième crevaison à la même roue. Après inspection fouillée du pneu et de la jante, nous en déduisons que peut-être Jean-Paul a remis la chambre à air percée et non la chambre à air neuve. Un détail d'importance, sur les quatre pompes emmenées, seule celle que j'avais fonctionnait parfaitement ce jour-là, nous pouvons témoigner qu'elle a chauffé pour gonfler les pneus à 7 kg!
Paul GOUTAILLER, Gérard FAYET, J-P CHAVALARD, Bernard BERTINELLI(D-H)
Mon pneu arrière se dégonfle doucement, celui de Gilbert part en lambeaux. Charmant accueil à l'hôtel à Muzillac. Séquence mécanique: un employé ira même plonger ma chambre à air dans un bac d'eau pour trouver la fuite. Nous avons même droit au compresseur. Nous stressons un peu...
Pierrette BIDART, Gilbert VIDEAU(P-B)
Des éclairs nous illuminent de temps en temps. Tout se passe bien jusqu'à ce qu'un coup de fusil nous fasse sursauter: c'est la roue arrière de Joël qui vient d'éclater. Alain, qui monte les côtes plus vite que nous, ne s'est aperçu de rien. Nous remplaçons le pneu et la chambre avec seulement une petite lampe de poche pour l'éclairage. Alain nous attend à l'entrée de St-Sernin, nous lui expliquons pourquoi nous avons autant de retard.
Joël DE RUDNICKI, Bernard COSSU, Alain ODELOT(D-P)
...ou comment nos héros fréquentent avec plus ou moins de bonheur bistrots, cafés, estaminets, commerces divers, quémandent force cachets et font connaissance avec le fameux trou (de mémoire)... de Bâle.
Hôtels et restaurants:
Nous parvenons vers 20h à Tinténiac. Le repas se déroule dans une très joyeuse ambiance, car le mariage a lieu dans la salle même où nous mangeons. Nous avons droit à diverses chansons du folklore breton et à d'autres chansons et comptines: ce fut un moment bien agréable.
Par contre, pour dormir, c'était une autre affaire, car après les chants nous avons eu droit à la sono. Véro a réussi à s'endormir, mais moi, n'y parvenant pas, je me suis confectionné des bouchons, à l'aide de papier toilette, pour les oreilles. De cette façon, j'ai pu dormir, mais tout de même assez mal. A 4h, quand nous devions nous lever, les noceurs venaient à peine de se coucher.
Véronique, Bernard, Jean-Marie NUNS(S-B)
Hôtel chic et choc, étoilé, le restaurant à deux pas. Afin de gagner du temps, je m'y rends illico. "T'as le look, Jojo", t'as le look!, chaussons, bermudas, gilet chasse et pêche, t'as le look! Au milieu de tablées d'Américains en queue de pie, quelle tache!
Ne pratiquant pas le dialecte normand, je m'exprime très clairement: "j'aimerais - enfin nous aimerions - un repas reconstituant aussi prestement que possible". Message non capté par les "pies noires". Au rythme d'une par demi-heure, je verrai défiler des assiettes "confidentielles" sous cloche d'argent, quant au contenu - Quel gâchis! Cramée, vidée, comme j'aimerais dormir!
Josiane LESNÉ(B-S)
A 22h30, un restaurant chinois encore ouvert, il est même bien rempli mais m'accepte pourtant. Ouf! L'attente est longue mais ne m'inquiète pas du tout. En roulant toute la nuit, j'ai largement le temps. Je me détends, me repose et mange. le potage me fait un bien fou, la serveuse me sert un très copieux repas de riz, mais un bon rosé m'aide à le nettoyer. Une tasse de café et me voilà prêt pour liquider les deux cents derniers kilomètres. le patron achève de me hausser le moral avec un verre de saké. Menton-Dunkerque, je te tiens!
La petite demoiselle derrière le bar frotte vigoureusement mes bidons et se désole de ne pas pouvoir me les rendre impeccables.
Michel CORDIER(M-D)
Grâce au moral, au vent légèrement favorable et au terrain plat, j'arrive même avec une demi-heure d'avance à Casteljaloux.
Là, pas de problème pour l'hôtel, il est réservé et l'accueil est sympathique (Hôtel des Cordeliers). Par contre, quelle galère pour le dîner; j'ai eu la malencontreuse idée de vouloir manger des pâtes dans une Pizzeria. J'entre, déjà, beaucoup de monde et une seule serveuse! Au bout de trois quarts d'heure j'ai juste réussi à avoir un couvert et le menu. De guerre lasse je fuis, mais il est 22h, où puis-je maintenant dîner? Ce sera, après plusieurs essais infructueux, dans un petit bar-brasserie. Et là, bonne surprise, j'ai droit pour 60F à un menu très copieux... et avec un énorme plat de pâtes. Tout est bien qui finit bien, mais la nuit de sommeil aura quand même été un peu écourtée.
Claude BERNARDON(H-S)
Nous nous arrêtons à Poncey-les-Athée. Au restaurant "Chez Philippe", un repas copieux nous est servi rapidement et... pas cher. Nous repartons l'estomac bien rempli. Nous avons constaté que dans ce village, la corvée de la tonte des pelouses incombait tout particulièrement aux femmes!!! (A méditer)[...]
Pour le repas de midi, nous nous arrêtons à Miramont dans une pizzeria et demandons à être servis rapidement. La serveuse, avec un grand sourire, nous informe que son père est un ancien cyclo et qu'elle comprend parfaitement notre souhait. Trente cinq minutes après un repas éclair, nous remontons sur nos vélos.
Jean-Claude ROMARY, J-P ROYER(S-H)
Le bar-restaurant de ce minuscule village de la Creuse nous sert une magistrale omelette-pommes de terre-lardons, suivie de fromage et dessert, ce qui vous remettrait sur la route même après avoir pris la décision d'abandonner!
Pierrette et Guy GUILLOTEAU(S-H)
Lacaune 21h, je rentre dans un café pour faire signer le carnet de route et le barman était grand admirateur de notre Jaja national. Sur le mur une photo de Jalabert à vélo auprès du barman lui aussi à vélo. Ce fut un beau moment de discussion sur le sport cyclo, et heureusement qu'il y a nos chers cafés pour nous recevoir très chaleureusement et pour nous remonter le moral.
J-Maurice LAURENCE(D-P)
Je pointe à Château-Renault, au Café des Sports... où les clients sirotent dare-dare, qui un "petit blanc", qui un "petit rouge". Moi, je me contente d'un "petit noir" accompagné de moults croissants.
Jean JANSSEN(H-D)
Une bière bien méritée par la grimpette de Montmirail. La patronne du bar rigole franchement en me voyant revenir chez elle deux minutes après men départ pour régler l'addition que j'avais oubliée. Elle me décrivait avec plaisir le trio de Dunkerquois passé un mois plus tôt, qui n'a pas omis de lui expédier une carte de Menton.
Michel CORDIER(M-D)
Mercredi 16 juin 1999, Excideuil.
Nous avons passé une bonne nuit. Le réveil est plus difficile. Nous manquons de petit déjeuner pour reprendre la route. Nous en sommes réduits à faire les fonds des sacoches et à manger les quelques biscuits restants.
Les 30 km nous séparant de Périgueux s'accomplissent doucement. A l'entrée de la ville, une boulangerie a ouvert ses portes.
Voilà notre salut! Nous commandons un grand café crème avec des croissants de la veille car les croissants du jour sont en train de cuire et nous n'avons pas le temps d'attendre leur sortie. Qu'à cela ne tienne, même un peu secs, ils font la joie de notre palais et cela suffit pour nous remettre d'aplomb pendant quelques heures.
Jacques FLORES, Jean SEGARRA(S-H)
Il est 7h45, nous arrivons à Combeaufontaine, lieu de contrôle. Nous entrons dans la seule boulangerie du village pour valider notre carnet de route et pour nous ravitailler. La boulangère ne trouve pas le tampon de la maison, elle nous donne à la place une étiquette autocollante de son commerce (cela fera l'affaire).
Pas de bistrot ouvert, ce qui nous oblige à aller au village suivant pour prendre une boisson chaude dans un café qui vient à peine d'ouvrir. De nombreux cadavres de bouteilles d'alcool alignés sur le comptoir nous font penser que la nuit a dû être longue.
J-C ROMARY, J-P ROYER(S-H)
Nous nous arrêtons à Autun à la boulangerie de Mr Bouderbal, qui nous réserve le meilleur accueil: il tamponne nos carnets de route, nous offre des spécialités de la maison, nous propose de l'eau fraîche et nous renseigne sur la direction à suivre. En échange, il acceptera que nous lui adressions une carte postale de Menton.
B. LABURTHE, J-P ROUBIN(D-M)
Culan et son château, Villaine, Les Rapigeons, Hérisson (toute la poésie des noms de lieux revisitée à travers une Diagonale!), puis Cosne-d'Allier où je fais quelques courses dans la même épicerie qu'il y a deux ans, lors de mon raid Strasbourg-Hendaye... La routine, déjà!
Jean-Luc GIROD(B-M)
Commissariat de Perpignan:
La grille est fermée par une grande chaîne et un énorme cadenas. Je tends mon carnet de route au travers pour le pointage. Le policier ne sait pas s'il doit tamponner ce document et en réfère à son supérieur.
Un hochement de tête, il cherche le tampon, ne le trouve pas... Ca y est! Il l'a retrouvé. Il me refile le carnet à travers la grille en s'excusant. Quel contraste avec l'accueil de Dunkerque ou de Menton! Il est 23h50, le vent souffle toujours et je m'en vais en quête d'un hôtel et d'un repos bien mérité.
Jean-Luc LEBEAU(D-P)
Le trou (de mémoire)... de Bâle (et d'ailleurs):
A 11h, je passe la frontière suisse et j'entre dans la ville de Bâle. Cette cité industrielle ne m'enchante guère, je ne lui trouve aucun attrait, d'autant plus que j'ai quelques difficultés à trouver ma route. C'est un véritable labyrinthe. Je suis tellement pressé d'en sortir que lorsqu'enfin j'y parviens, j'oublie totalement de pointer mon carnet de route. A Reinach je dois donc faire demi-tour, sur 8 km!
Par conséquent, il est 12h30 lorsque je quitte définitivement Bâle.
Pierre BEDELET(S-P)
Départ 5h. Retour 5h30 après exactement 5,480 km de route sur l'étape du jour, car hier soir j'ai oublié de pointer mon carnet de route. Il est hors de question de chercher un endroit ouvert à cette heure matinale et encore obscure, aussi je pense plus raisonnable de chercher une boîte aux lettres et d'y mettre une carte postale.
Chose faite à l'entrée de la ville, et de nouveau la route en sens inverse où, pour l'histoire, je note que je repasse exactement à 6h à l'endroit où j'ai constaté mon oubli.
Robert DE RUDDER(P-D)
Insolite:
5h30, de la lumière dans une maison. Je vais demander un sac poubelle pour enfiler par-dessus mon Gore-Tex. Les occupants de la maison, très gentiment, m'offrent en plus un café et m'expliquent qu'ils sont debout à cette heure-là car leur grange a brûlé dans la nuit. Je me sens un peu gêné avec mes petits problèmes d'humidité.
Serge DELABROSSE(S-P)
La matinée est de plus en plus chaude et sur les hauteurs de Monflanquin, où nous contrôlons et nous hydratons à 11h, Max cuit dans la cabine pour téléphoner à sa tante Alice et lui dire que nous approchons d'Issigeac et qu'elle peut mettre à chauffer l'eau pour les pâtes car il ne reste que 29 km.
Nous sommes attendus Place St Félicien et Alice, fière de son neveu, nous présente à l'artisan qui passe. Elle reconnaît les équipiers passés en 1991 dans Strasbourg-Hendaye et remarque l'absence de Henri, l'ancien ayant décidé que ces randonnées ne sont plus de son âge.
Tant pis pour lui: il manque un vrai repas cyclo-gastronomique avec pâté de foie gras maison, rôti et pâtes, puis les fraises du jardin accompagnées de "merveilles", ces délicieuses pâtisseries dont une poche bien remplie et portée par les tandemistes nous tiendra compagnie l'après-midi.
Nous avons aussi mangé le capital temps amassé dans la matinée et, après 1h20 d'un arrêt trop court, nous attaquons à 13h30 la côte de Planque et le secteur Bergerac-Mussidan que Roger trouve bien musclé.
Ghislaine et Roger DEVULDER, Max Audouin, J-F Corbin(P-B)
Ormes, église, mairie, un banquet. Je pleure un tampon... Pas le dimanche. L'hôtesse du banquet me tient la jambe: "Mon mari va faire le Paris-Brest".
Je jette ma carte dans la boîte aux lettres, et voici le mari qui rapplique, bien gentil, je suis invitée au repas, le champagne, la photo, tout y passe, il me raconte sa vie de footeux, sa reconversion, sa dernière valdingue... Courage, fuyons!
Josiane LESNÉ(B-S)
Chiens et chats, cordes, vaches qui pissent, seaux et oeufs de pigeon s'abattent sur l'échine du malheureux diagonaliste, bien obligé de constater qu'il pratique une activité de plein air.
Pluie:
La sortie de Montluçon est pénible, car je suis obligé de rouler avec la cape et je me guide de mémoire sans regarder la carte recouverte par mon vêtement de pluie. Je prends la petite route D302 après St-Victor pour rejoindre celle de Cosne-d'Allier. Le vent est favorable et la pluie incessante. Je traverse de belles forêts qui me cassent un peu le souffle de la tempête.
Tout va bien, j'avance bien et les kilomètres défilent. Le coup de pédale est bon, je me lève en danseuse, je m'asseois, je joue avec mon vélo et ses 18 ou 20 kg. Un bon compagnon. Dans ces moments euphoriques, je lui parle comme à un cheval et le félicite d'un coup de pédale "caressant".
Alain ROY(H-S)
Bientôt Pont-d'Ain où cette fois c'est le déluge. J'ai tardé à mettre la cape et comme avec tout bon Gore-Tex qui se respecte, après une vingtaine de journées sous la pluie, je suis trempé. En maillot léger sous la cape, la chaleur des jambes me fait monter la température ambiante et je commence à sécher malgré la pluie.
Je longe l'Ain vers Meximieux. Quelques éclaircies me font débâcher en hâte pour finir de sécher.
Alain ROY(S-P)
Cette fois ma bonne étoile m'abandonne. Je me retrouve vite en plein brouillard puis les premières gouttes, annonciatrices d'une pluie persistante, brillent dans le faisceau de mon phare. Je couvre en toute hâte mes sacoches avec mes sacs d'engrais, enfile le Gore-Tex; il ne me quittera plus pendant six heures.
Jean-Luc GIROD(B-M)
Quelques kilomètres avant Bourgueil, une pluie commença à tomber. Nous décidâmes de continuer malgré tout: ce fut notre erreur, car un véritable déluge d'eau poussé par un fort vent nous tomba dessus. N'ayant pas enfilé nos vêtements de pluie au bon moment, nous fîmes quinze kilomètres dans ce décor dantesque.
Ce fut trempés jusqu'aux os que nous arrivâmes à Bourgueil vers 22h30. Douche chaude et repas furent encore une fois les bienvenus. L'inventaire de ma sacoche de route me permit de constater que des documents de l'itinéraire et les adresses de pointage au commissariat à l'arrivée avaient été mouillés, ils étaient illisibles, la pluie avait traversé la toile de la sacoche!
Gérard FAYET(D-H)
Départ 3h30, j'ai mal dormi. Il tombe des cordes. Au bout de quelques minutes, je suis trempé jusqu'aux os, plus un poil de sec, mes chaussures font "flop!" et je grimpe gentiment sur le plateau du Jura.
Serge DELABROSSE(S-P)
La pluie apparaît bientôt, et je stoppe finalement sur le haut de Bayonne, sous un abribus, croyant naïvement à l'arrêt rapide de ce que l'on peut appeler des "trombes d'eau". Dans la rigole du caniveau le niveau monte, le lit de l'écoulement s'élargit, les voitures qui passent m'éclaboussent de plus en plus fort, de plus en plus haut...
J'emballe la sacoche dans un sac plastique "spécial mousson", je quitte les socquettes, ce qui est vraiment mauvais signe! Le ciel est irrémédiablement bouché, j'y vais. Les deux premières minutes sont terribles... Mais une fois trempé, plus rien à craindre!!! Les zones situées sous le Gore-Tex demeurent les moins humides. Je protège tant bien que mal la carte postale déposée dans une boîte près de la cathédrale. C'est la grande lessive. La circulation est dense. Les patins de frein fondent à vue d'oeil. A St-Jean-de-Luz, je ne tente même pas le passage en corniche, le vent est si violent!
Philippe PETIT(D-H)
Le temps n'a pas changé, il pleut toujours et abondamment; le commissariat est distant de 300 mètres de l'hôtel et cela suffit à nous tremper complètement, mais il est trop tard pour reculer...
Donc départ sous une pluie battante, mais on se console comme on peut: le vent est favorable. Cela pourrait être pire encore, imaginez: la pluie et le vent défavorable, l'horreur complète...
Jean BLANOET, René BOULET(H-M)
Orage:
J'ai à peine parcouru 9 km que l'orage redouble de violence. Je dois me mettre à l'abri à tout prix. Le balcon d'une maison isolée sera le bienvenu. Je m'engouffre dessous et attends, accroupi, la prochaine éclaircie qui n'arrivera que trois heures plus tard!
Entre-temps, j'ai dû rassurer le propriétaire qui, m'ayant sans aucun doute pris pour un rôdeur, s'est inquiété de savoir ce qui se passait. Quand je lui ai dit que j'étais un cyclotouriste, il a aussitôt compris. Peut-être ne suis-je pas le premier à trouver refuge sous son balcon?
Pierre BEDELET(S-P)
A l'approche de Schirmeck, un orage éclate, ce qui nous oblige à endosser rapidement nos capes et à protéger les sacoches à l'aide de sacs plastique. Nous repartons sous la pluie. Saint-Dié, l'orage devient encore plus fort et nous n'avons pas beaucoup de visibilité; la route s'est transformée en un énorme ruisseau. Je ne pourrais décrire le paysage du col du Haut-Jacques. Nous sommes pris dans la tempête. Je suis incapable de distinguer au-delà de deux mètres devant ma roue avant, tellement la pluie est drue; celle-ci ne nous lâche plus jusqu'à Bruyères.
Jacques FLORES, Jean SEGARRA(S-H)
Quatre heures à peine de sommeil, la nuit la plus courte de cette Diagonale. Il pluvine lorsque je quitte l'hôtel sur le coup de quatre heures. Dans le lointain, l'orage gronde de nouveau. Les éclairs zébrent le ciel, flashant la route rectiligne entre deux murs de pins, magnifique spectacle dans la nuit landaise.
Pierre ETRUIN(D-H)
Brume:
Gilbert m'avait promis: "tu verras, le lever du soleil sur le château, ce sera magnifique. Cela nous rappellera la Pentecôte 98". Mais quelle déception, les éléments sont contre nous! Brume et nuages sont de la partie. On a beau lever les yeux, on passe à côté sans rien voir. Un petit vent de face nous tiendra compagnie jusqu'au col de Camperier. Après, tout s'arrange.
Pierrette BIDART, Gilbert VIDEAU(P-B)
Tornade, grêle:
A mon passage à Château-sur-Cher, je connais une tornade venant vers moi, je fais demi-tour et entraîné violemment, je me réfugie dans un hangar de menuiserie, j'y reste vingt minutes environ; toutes les voitures étaient arrêtées, des arbres arrachés.
René BOULET(B-H)
La remontée de la Seine est le théâtre de phénomènes climatiques d'une rare violence; en effet, un orage accompagné de grêle s'abat sur le village de St-Marc-sur-Seine, un torrent d'eau, de boue, de grêle recouvre en quelques minutes toute la chaussée.
J'enlève chaussures et chaussettes et porte "ma maîtresse" pour traverser le village. Les gens me regardent d'un air ébahi. J'ai envie de leur dire: "je ne suis pas fou, je suis un diagonaliste".
F. MAERTEN(D-M)
En plus de la pluie qui se transforme en grésil, avec l'altitude le vent me gêne, la buée sur les lunettes, la totale quoi! "Qu'est-ce que je fous là?", éternelle question...
Serge DELABROSSE(S-P)
Après Bruyères seul un petit col nous sépare de St-Dié, notre étape. Alors que nous sommes presqu'arrivés au sommet, un violent orage de grêle éclate, nous obligeant à stopper (à 10km du but, en descente sur St-Dié). Sans l'erreur du matin nous y échappions. Bref, nous rejoignons St-Dié, la route jonchée de pommes de pin...
Marc et Jean-Luc MONIER(H-S)
...d'animaux à plumes ou à poils, de parents, de routiers sympas, de rustiques campagnards, de collègues diagonalistes et de cyclistes de toutes tendances.
Animaux:
Quel moment privilégié nous offre la nature, au petit matin, dans le parc régional de la Brenne! Six chevreuils, tour à tour, à quelques minutes d'intervalle, traversent la route forestière que nous empruntons. Le cliquetis des roues libres a perturbé la quiétude de ces lieux. Un spectacle réservé uniquement à ceux qui se lèvent tôt.
Laurence CRETON, Olivier BOUTINAUD(M-B)
Un magnifique sanglier débouche d'un fourré et s'enfuit à travers un champ de céréales. D'un galop rapide mais lourdaud, la bête file droit devant, parallèlement à la route, ce qui me permet d'observer sa course sur au moins 500 mètres. Quelle puissance!
Hervé THOMAS(S-B)
Une petite bête traverse brusquement la chaussée en bondissant comme une balle. Elle ne peut toutefois éviter le capot de la voiture qui arrive de face et retombe inanimée sur le bitume. Il s'agit d'un écureuil roux. Il est K.O. mais paraît en vie. J'improvise sans grande illusion un massage au niveau de la poitrine qui semble le réanimer quelque peu. Posé délicatement sur le bas-côté, il ne tarde pas à retrouver ses esprits et disparaît dans les proches frondaisons.
Pierre ETRUIN(D-H)
Un renard traverse la route devant nous. Un peu plus loin, un rapace qui venait d'attraper un petit rongeur, surpris par notre arrivée, s'envole précipitamment et laisse tomber sa proie presque sous nos roues.
Véronique et Jean-Marie NUNS(S-B)
Si parfois on peut avoir peur des chiens lorsque l'on passe à proximité, nous ne pensions pas nous faire attaquer par des abeilles en passant à côté des ruches placées dans un bois au bord de la route et, comme nous ne sommes ni Pantani ni Virenque, le temps de réaction n'est pas le même et, en 2 temps, 3 mouvements, nous nous retrouvons avec plusieurs piqûres qui, heureusement, sont plus gênantes que dangereuses.
Isabelle PASQUIER, Philippe GARGOUIL, Alain DESQUINEMARRE(D-H)
Famille:
Je traverse Mussidan, résiste à l'envie de prendre un café chaud, sachant qu'une bonne halte m'attend avant Périgueux chez la Tante Noëla. J'y arrive vers 8h15. Ma chère Tante de 89 ans me fait remarquer qu'elle est debout depuis 6 heures.
"Eh oui, Tata, je me suis trompé de route cette nuit et j'ai perdu 2 heures, excuse-moi!"
"Tu sais, Alain, quand j'ai dit que tu faisais tous ces kilomètres en vélo, ils ne me croyaient pas au village, ils pensent que je suis folle quand je leur dis 2000, ils traduisent 200, mais je ne suis pas folle, c'est bien 2000!"
Brave Tante, elle me régale d'un petit déjeuner et d'un bon repas. Je prends une douche. Merveilleux, à 10 heures je repars après avoir recommandé à Noëla de dormir un peu avant midi.
"Je t'appellerai à mon arrivée à la fin de la semaine. Ne t'inquiète pas."
Alain ROY(H-S)
Nouveau contrôle à Sisteron à 23 heures. Le plus gros était fait, il me restait 10 km pour Volonne, village étape, où j'ai l'avantage d'être attendu par ma mère, avec tout le réconfort que cela comporte!
Hugues LECLERCQ(D-M)
Quelques kilomètres avant Chantonnay, Daniel, le beau-frère d'André, nous attend et nous conduit chez Stéphane et Christine, ses enfants, pour un plantureux second petit déjeuner. A peine sommes-nous installés qu'une porte s'ouvre pour livrer passage à un frère, une soeur, un fils, une fille, une mère, un beau-père, que sais-je. Tout le monde veut voir à quoi ressemble un diagonaliste. Les quatre exemplaires qu'ils ont sous la main sont auscultés, chouchoutés, cajolés, questionnés, abreuvés, encouragés, photographiés... et, sitôt repus, remis en selle par le beau-frère.
Roger GABORIAU, André TIGNON, Marcel LEFEBVRE, Christian FIEVET(B-P)
Poids lourds:
A Mouchard, je quitte la N83 pour traverser le village. Je pose mon vélo contre un poteau et, pendant que j'examine la carte, un camion me klaxonne et s'arrête devant moi.
"Tiens, j'ai dû perdre quelque chose, et il me le signale."
" Bonjour ", me dit l'homme. " J'ai vu votre plaque et je ne m'attendais pas à rencontrer un diagonaliste ici, j'ai aussi quelques Diagonales à mon actif; venez, il y a un bar là-bas, on va prendre un café."
Sympa de rencontrer quelqu'un de la même famille par hasard. Il s'agit d'Eric Guyot du Jura et nous conversons pendant une demi-heure avec échange d'adresse et promesse de nous revoir lors d'une prochaine...
Alain ROY(S-P)
Je perçois le moteur d'un poids lourd à l'arrière. Il rétrograde, la chaussée est étroite, je serre un peu la bordure afin qu'il puisse me dépasser mais il demeure à bonne distance, à mon grand étonnement. A la sortie du bourg, il passe largement en faisant un signe de la main accompagné d'un léger coup de klaxon. Un macaron FFCT est collé sur la ridelle du camion... Sympas les routiers (cyclos)!
Pierre ETRUIN(D-H)
Un routier qui m'a doublé, a stoppé son camion sur le bas-côté et me fait signe de m'arrêter. Je suis un peu sur mes gardes, mais le large sourire de cet homme me rassure quelque peu. Ayant vu la plaque de cadre Dunkerque-Perpignan et, étant randonneur, il voulait connaître des détails sur ce périple.
Jean-Luc LEBEAU(D-P)
Dans la France profonde:
A Josselin, le ciel de plus en plus chargé, lâche ses premières gouttes de pluie. Une averse soudaine, en rase campagne, me fait m'embarquer sur le premier chemin de traverse. Je fais irruption dans une cour de ferme, salue précipitamment la fermière et me réfugie dans ce que je pensais être une remise; c'est, en fait, une étable et, dans un ramdam de tous les diables mêlant beuglements affolés et sonnailles, je fais lever une douzaine de vaches qui n'avaient jamais vu un diagonaliste d'aussi près. Le temps de couvrir mes sacoches de robustes sacs plastique d'engrais retaillés, cédés par la maîtresse des lieux, l'averse est terminée. Ces sacs s'avéreront précieux par la suite.[...]
Du côté de Mont-sur-Guesne, peu après Loudun, je fais une des belles rencontres de cette Diagonale. Chaleur et côtes à répétition obligent à de fréquents ravitaillements en eau, comme dans cette ferme isolée au milieu des champs de blé. Le silence est immense, pesant, simplement souligné par le ronronnement au loin d'une moissonneuse en plein travail. Dans la cuisine fraîche et sombre, Madame Aline Poulain, mamie de son état, semble faire partie des meubles. Je prends quelques secondes, immobile à mon tour, sur le pas de la porte, retardant l'instant où le calme absolu sera rompu. Soudain c'est l'effervescence. Pas question de me servir à l'évier. Le bidon sera rempli de Contrex fraîche. Elle est ravie d'échanger un regard, quelques mots; les visites sont rares à la ferme. J'ai toutes les peines du monde à repartir après une photo et un dernier sourire. Je suis regonflé, dopé à la chaleur humaine, ce fluide magique qui galvanise et fait aller plus loin le voyageur, depuis la nuit des temps.
Jean-Luc GIROD (B-M)
La suite du parcours nous fait passer par deux petits cols (col de Saales et col du Haut-Jacques). Arrivés à Bruyères, lieu de notre deuxième contrôle, la pluie a cessé. Nous en profitons pour changer de tenue. Deux cyclos s'arrêtent près de nous : ce sont Pierrette et Christian, deux amis de Jean-Claude qui sont venus à notre rencontre. Ils nous accompagnent jusqu'à Remiremont, fin de notre première étape.
Jean-Claude ROMARY, Jean Paul ROYER(S-H)
Le parcours est ensuite assez plat et un peu monotone. Heureusement, nous sommes rattrapés par une équipe de joyeux rouleurs du matin qui "se baladent à 35 à l'heure"... Ca énerve un peu Roger qui hausse le ton et, au bout d'un moment, les voilà silencieux dans les roues. Dommage qu'ils bifurquent pour ne pas être en retard au déjeuner.
Ghislaine et Roger DEWILDER, Max AUDOUIN, Jean-François CORBIN(P-B)
L'inévitable cyclo du dimanche matin, couché sur sa machine, nous double sans un regard, sans un bonjour. Complices, Roger et André sautent dans sa roue. Après quelques kilomètres, André se porte gentiment à sa hauteur: "Hé, mon gars, maintenant il faut y aller car les plus faibles nous rattrapent!" Moralité: Il n'y a aucun mérite à être quoi que ce soit!
Roger GABORIAU, André TIGNON, Marcel LEFEBVRE, Christian FIEVET(B-P)
Diagonalistes:
La route est bonne, large, bien roulante, le vent favorable. C'est à ce moment-là que nous croisons un cyclo avec le maillot de Tournai, grands signes, on stoppe tous les trois. L'ami belge nous raconte qu'il va sur Hendaye mais qu'il a perdu du temps, à la suite d'un bris de chaîne. Selon ses dires, il a quatorze heures de retard sur son plan de marche, cette nuit il n'a dormi que trois heures. Puisqu'il passe le bac à Blaye, René Boulet lui remet les horaires, ce qui semble l'intéresser et va le motiver pour le reste de la journée. Un calcul rapide nous permet de dire que rien n'est perdu. Après les encouragements d'usage, nous repartons chacun de notre côté, lui dans le vent, nous poussés par Eole.
Joël LAMBERT, René BOULET(H-D)
[NDLR : Il s'agit de Jackie Devreese]
Un peu avant Niort, je croise deux cyclos de Lille qui font la même en sens inverse et qui m'encouragent et me remontent le moral.
Jackie DEVREESE(D-H)
[NDLR : De qui s'agit-il?]
Pendant que je fais quelques courses, Michel voit arriver 4 cyclotouristes diagonalistes. Il s'agit de l'équipe belgeo-française Fiévet-Tignon-Lefèbvre-Gaboriau. Dans toutes nos Diagonales, c'est la première fois que nous rencontrons des confrères. Ils viennent eux aussi de Brest, (ils sont partis une heure avant nous), et vont à Perpignan même si leurs plaques de route indiquent Brest-Strasbourg. Bien évidemment nous roulons ensemble pendant quelques kilomètres, puis, à l'occasion d'une côte qu'ils grimpent rapidement, nous nous séparons et nous nous retrouvons à Monflanquin pour nous séparer à nouveau.
Michel CURAILLAT, Jean-Claude AUGAY(B-P)
Nous entrons dans le Lot-et-Garonne et contrôlons à Villeréal, une des bastides du Périgord créée au XIIIème siècle et remarquablement conservée. Deux diagonalistes pique-niquent sous les Halles séculaires. Partis eux aussi de Brest, mais une heure après nous, ils ont choisi comme destination finale Strasbourg... mais en passant par Perpignan! Eux aussi, restent perplexes devant nos plaques de cadre. Quelques bornes parcourues ensemble permettent de faire connaissance. Jean Claude Augay et Michel Curaillat n'en sont pas à leur première Diagonale et nous nous promettons bien de suivre leur tentative dans un prochain Petit Diagonaliste.
Roger GABORIAU, André TIGNON, Marcel LEFEBVRE, Christian FIEVET(B-P)
Du côté de Roc Trévezel, le mauvais temps tourne à la tourmente. Je ne vois plus rien à travers les lunettes, toutefois je les garde en guise de protection. Deux cyclistes arrivent en sens inverse, des diagonalistes qui viennent de prendre le départ... sous la flotte, les pauvres, mais vent dans le dos. Un grand salut amical, et bonne route les amis!
Hervé THOMAS(S-B)
[NDLR: Alain Domenger et Michel Collin pourraient être les heureux trempés]
A Gondrecourt le Château, contrôle dans un bar-restaurant. Deux diagonalistes sont attendus ce soir dans cet hôtel. Allons-nous les rencontrer ? [...] Après la réservation de la chambre, nous quittons Wassy et rencontrons les deux diagonalistes qui sont de Bourges. Après quelques minutes, chaque équipe repart.
Véronique NUNS, Jean-Marie et Bernard NUNS(S-B)
[NDLR: la rencontre a eu lieu avec Alain Vadrot et Bernard Legros (B-S)]
Saint-Péray aurait pu être le théâtre d'une bien improbable rencontre: notre itinéraire croise celui qu'emprunte mon frère Jean-Luc dans sa Diagonale Brest-Menton dans cette petite bourgade d'Ardèche. Evidemment, nous ne le verrons pas. Il y passera en fait à 16h30, une petite heure seulement après nous...
Annie, Guillaume et Alain CHARRIERE(P-S)
Cyclos de rencontre :
A la sortie de Cléon-d'Andran, une voiture nous accoste. Une dame d'un certain âge (66ans) en sort, nous embrasse et nous félicite comme des héros. Quelques paroles sont échangées. C'est une ancienne cyclote : 3 Paris-Brest, 2 Diagonales, etc, etc... Elle nous souhaite bonne route en omettant de nous dire (certainement voulu) qu'un col de 10 kilomètres nous attendait après le village suivant, plateau montagne pour gagner Aleyrac, chaleur torride à 11 heures, sans vent. Descente sur Grignan dominé par le château de Mme de Sévigné.
Claude JOLY(S-P)
Une magnifique petite route traverse la forêt de Lucueux et c'est le contrôle même à Lucueux. Le facteur m'interpelle: "- Alors le diagonaliste.
- Ah! Je vois que vous connaissez.
- Oh oui! J'ai tenté Dunkerque-Menton, mais j'ai abandonné à cause d'une tendinite..."
J-L LEBEAU(D-P)
Un cycliste me rattrape sur la route de Mamers. Il fait une sortie d'entraînement et comme il ne semble pas avoir de but bien précis, décide de m'accompagner... A l'entendre, il a tout fait et tout grimpé! Il me bassine avec des histoires de moyenne, prétendant qu'en montagne il grimpe à 10 km/h et descend à 40 km/h, ce qui fait selon lui 25 km/h de moyenne, aussi vite que sur le plat ajoute-t-il! Raisonnement tout à fait primaire! Je lui rétorque qu'un cycliste grimpant 3 heures à 10 km/h puis descendant 1 heure à 30 km/h a parcouru 60 kilomètres et que, pendant ce même temps, et en roulant à 20 km/h sur le plat, notre cycliste en parcourrait 80. Enfin, il consent à me lâcher les baskets en bifurquant brusquement sur la droite...
Pierre ETRUIN(D-H)
J'attaque le col de Toutes Aures, de ce côté il est très long. J'ai l'impression qu'il n'en finit pas. Heureusement, à la descente, j'ai le plaisir de rencontrer François et Gérard, Président et Trésorier du club, qui sont venus me donner un coup de main; alors avec deux locomotives devant, ça va tourner![...]
Deuxième étape: réveil 3h30 et départ 4 heures. Au village Le Chaffaut, un copain du club m'attendait depuis un quart d'heure, cela fait plaisir que les copains soient au rendez-vous. Jo mène le train jusqu'à Sisteron, deuxième pointage et j'ai une demi-heure d'avance sur l'horaire. Une surprise, un autre copain est venu me rejoindre, il va m'accompagner jusqu'à Laragne. Laurent, c'est un diagonaliste et il sait ce que cela veut dire.
Dominique DEVOS(M-B)
A Varenne-St-Sauveur, le petit déjeuner... et à Bourg-en-Bresse, le demi de bière! "Salut" nous dit un cyclo en civil qui "piétonne" vers le marché central. "Je vois à vos plaques de cadre que vous faites Strasbourg-Perpignan!" Il s'assied. Nous discutons: "Je n'ai jamais osé me lancer. L'année prochaine, nous organisons la Semaine Fédérale... et en 2001, c'est chez vous, les Drômois!"
Guy DESGRANGES, Robert TABURIN(S-P)
Un cycliste coupe la route et vient vers nous : vélo de course, maillot jaune du Tour, casquette à la pro avec visière rabattue sur de proéminentes lunettes noires: "Rien de cassé les gars, j'arrive de Moissac". Nous lui faisons remarquer que lui, il a le vent derrière. "Oh!, je l'ai aussi devant" et il nous quitte, nous ne saurons jamais la couleur de ses yeux...
Quand nous repartons, nous voyons arriver deux motards de la gendarmerie qui nous font signe de nous arrêter. Quelle infraction avons-nous donc commise ? Ils ôtent leur casque, l'un deux s'exclame: "Enfin de vrais cyclos avec des sacoches et un 650 Berthoud! (René va exploser de jubilation!) Vous faites des Diagonales, moi aussi je suis un cyclo, j'affectionne surtout les BCN". Nous discutons quelques instants, il nous conseille surtout les grands axes, moins dangereux que les routes secondaires. Le casque, bof! (cela doit lui suffire de le porter pendant le travail), il a adopté l'écarteur de danger et le rétroviseur. Nous saluons la maréchaussée...
Jean Marie DURAND, Louis ESTRADE, René LUCHAIRE(B-P)
Nous trouvons une épicerie qui fait également bar. Nous mangeons nos salades composées tout en parlant avec des cyclos locaux qui viennent de terminer leur sortie. Ceux-ci préparent PBP. L'un d'eux prétend que boire une bonne bière ne peut être que bénéfique. [...] A Sizun, après avoir déposé la carte postale, nous décidons de suivre le conseil du cyclo de Rostrenen et commandons deux bières. Dans la descente après Sizun, nous rencontrons un cycliste qui fait demi-tour et nous rejoint. Il prépare PBP. C'est un cyclo costaud dont la vitesse de croisière n'a rien à voir avec celle de deux diagonalistes en fin de parcours. Il nous accompagne néanmoins à notre grande satisfaction.
Véronique et Jean Marie NUNS(S-B)
Hommage aux membres du Service d'Accompagnement Routier, prévenants déjoueurs d'embrouilles, dopeurs de moral, faciliteurs d'itinéraire, pourvoyeurs de boisson, de mets délicats ou de clé de 8, voire de gîte confortable et chaleureux.
Membre des Cent Cols, je sais qu'habite à Menton, Paul André, lequel m'a "contrôlé" sur Hendaye-Menton en...1986. J'appelle au secours, entrevoyant pour le lendemain de courir à Nice ou Vintimille à la recherche d'un dérailleur AR " Campa spécial-triple ". A l'autre bout du fil, Paul André est tout prêt à m'aider. Il me faudrait donc retarder d'une journée le départ de la Diagonale.[...]
Jamais de plat, il faut souvent se mettre debout, le 32 dents (maximum) est indispensable. Michel Clastre savait tout cela, lui qui est venu à Mélian voir l'état du bonhomme: "Surtout, va à ta main, ne force pas".
A 21h15, j'arrive chez Michel (km 775). Qu'elle est bonne la douche! Nous passons à table où règnent chaleur et cordialité. Je me régale des petits plats préparés par l'épouse de Michel. Nous discutons de ma dernière étape, 167 km à faire avant 15 heures. Pour aller à Navarrenx, Michel me déconseille fortement la route que j'ai prévue par Monein. Il y a moins de dénivelée par Mourenx. Avec l'après-midi que je viens de passer, comment voulez-vous que je ne sois pas d'accord...[...]
Je repars pourtant, et 10 km plus loin, en haut d'une côte (il y en a dans le Pays Basque!) ce sont Pierrette Bidart et Gilbert Videau qui m'interpellent. C'est la bonne surprise; ils m'expliquent qu'ils sont du SAR de Bayonne et Urt. Je ne les avais pas cochés sur la liste car ces villes ne sont pas sur ma Diagonale.
Francis SWIDEREK(M-H)
Francis Swiderek nous attend patiemment sur le bord de la route. Nous avons un retard de 4 heures. Il est 23 heures. Il y a aussi un St-Bernard à Péronne. Infusion chaude, biscuits secs. Francis était inquiet pour nous, mais vite rassuré en nous voyant fort calmes et maîtrisant la situation. S'il nous avait vus quelques heures plus tard, il aurait pu en douter.
Pierrette BIDART, Gilbert VIDEAU(M-D)
Dunkerque-Hendaye. Lundi 29, départ 7h30. Le vent est bien de face. A Bergues, sur la piste cyclable, André est là pour nous encourager. A Arras, notre poisson pilote, Francis, nous fait traverser la ville, avec option touristique, par la magnifique place du beffroi.
Pierrette BIDART, Gilbert VIDEAU(D-P)
Après avoir expédié la carte postale à Schirmeck, la descente sur Strasbourg est fastidieuse, circulation intense, route vallonnée, traversée de nombreux villages. Peu avant Entzheim, un cyclo nous attend pour nous conduire au commissariat. Sur ces derniers 15 kilomètres, ça ne chôme pas et notre ami se joue de toutes les embûches liées aux travaux gigantesques dans le centre ville pour nous mener à la terre promise bien avant l'heure.
Gérard MEUNIER, Dominique DEVOS, Laurent MOURACHON(B-S)
Nous rencontrons B. Faivre en voiture, et P. Jaillet à vélo à une dizaine de kilomètres de St-Loup-de-la-Salle où nous nous arrêtons pour déjeuner et nous rappeler des souvenirs de 1997 où les rôles étaient, cette fois, inversés.
[NDLR: compte rendu sans référence]
Nouvelle rencontre de Saristes : Jean-Claude Bobineau de Génissac, en voiture, nous fait le plaisir d'une visite. Rencontré quelques semaines plus tôt, il nous avait dit ne pas pouvoir se libérer pour raisons professionnelles. Encore un Sariste qui n'a pas résisté à venir nous encourager, prenant sur son temps compté et un déplacement d'une quarantaine de kilomètres. Il a aussi demandé à un membre de son club de nous accompagner à vélo pendant quelques kilomètres et il doit arriver d'un moment à l'autre. Trois minutes plus tard, c'est la jonction. Cette rencontre a le mérite de relancer l'allure, de nous faire traverser Sauveterre-de-Guyenne sans hésiter.[...]
Surprise, avant de traverser le pont et tourner à droite, vers Hastingues, deux blousons jaune fluo sont là. Nous sommes cloués sur place. Pierrette Bidart et Gilbert Videau, que nous savons Saristes de par la liste, mais que nous ne connaissons pas, nous attendent malgré nos 20 minutes de retard. Ils sont sur la route depuis 21 heures la veille, pour une nocturne et un test de matériel d'éclairage, le tout en vue de Paris-Brest-Paris pour Gilbert.[...]
Au fil des discussions, nous nous apercevons que nous avons beaucoup de points communs dans nos fonctionnements diagonalistiques et cela sans nous connaître. Ce sont de grands routards.
Pierrette et Guy GUILLOTEAU(S-H)
Peu après Tonnay-Boutonne où je venais de faire une halte, rechargement batterie, en bordure de rivière, un cyclo me croisant, m'interpelle et me signale qu'il fait partie du Service d'Accompagnement Routier. James Colson, car c'est de lui qu'il s'agit, va me tenir compagnie pendant une trentaine de kilomètres et m'aider à traverser Saintes et sa périphérie. James va même jusqu'à pousser la gentillesse jusqu'à m'amener chez lui pour refaire le plein de mes bidons désespérément vides sous la canicule. Une rencontre que je n'oublierai pas de sitôt et que je souhaiterais sur toutes les Diagonales, c'était en effet le premier contrôle en 4 Diagonales!
Pascal COUDERT(B-P)
Les premiers amis rencontrés furent Guy Guilloteau et Jean-Pierre à quelques kilomètres avant Chatellerault. J'avais annoncé à Guy un retard de plus de 3 heures et malgré cela, ils sont venus afin de nous encourager et nous guider. Nous les avons suivis jusqu'à Targe où, au domicile de Guy, nous avons été accueillis très chaleureusement par Pierrette. Brèves présentations, un bon brin de toilette pour paraître un peu plus présentables qu'à l'arrivée et nous nous sommes attablés autour d'un repas rafraîchissant que nous avons beaucoup apprécié.[']
C'est à minuit sonnant que nous arrivâmes chez Jacky Delbarry et Josiane était aussi heureuse de nous recevoir que nous d'y arriver. De nouveau, une bonne douche et un excellent repas nous remirent d'aplomb. Malgré tout, le lendemain mon état de fatigue restait le même et quelques 30 kilomètres plus loin, j'offrais une triste image à Jacky qui nous accompagnait, la petite brume matinale me perturba et le café au lait préféra retrouver sa liberté. Jacky en s'en retournant vers Bordeaux devait douter de ma capacité pour la journée à venir. Heureusement l'état de santé s'améliora et j'arrivais à présent à manger les sandwichs et les fruits que Josiane nous avaient gentiment préparés.[']
Un quart d'heure plus tard, nous rencontrâmes Gilbert Videau, nouvel ami qui nous accompagna et nous fit traverser Bayonne en nous faisant gagner un temps précieux et nous stimula ensuite dans un fameux contre la montre jusqu'à Saint-Jean-de-Luz.
André DWORNICZAK, Bernard HEBBEN(D-H)
Guy Constans se pointe très bientôt à l'horizon, il a bien reçu le message avant son départ, j'en suis réconforté. Tout à coup, " pchitt ". Mon accompagnateur vient de percer, il me dit être à quelques centaines de mètres de sa demeure et c'est sur la jante qu'il regagne son domicile, après m'avoir invité à le suivre. Tandis qu'il répare, je me vois proposer un copieux petit déjeuner.[']
Alors que je prenais mon envol, elle, mon épouse, recevait ce mardi 29/6 le passage de 2 diagos suisses, Hubert et Philippe. Ils venaient de Strasbourg et étaient attendus aux environs de 22h30; c'est seulement à 3 heures du matin, exténués, qu'elle les a récupérés sur la place du village, constatant de visu les difficultés d'un tel périple. Merci Jeanine, et pour eux, et pour moi, et pour la grande famille des diagonalistes.
Francis RAULT(S-P)
Nous avons la surprise de voir arriver à bicyclette Jean-Claude Loire (ex vice-président fédéral) qui, informé de mon départ, est venu en voisin m'accompagner quelques kilomètres durant. Il dédicace mon carnet de route: "puisse le souffle de l'Amitié te donner la pédalée légère tout au long de cette Diagonale".
Pierre ETRUIN(D-H)
Quelques encablures plus loin, la Providence fit son apparition sous les traits divins de Gilbert Jaccon qui lui ouvrit la route vers Beaune ( même si Gilbert était dans sa roue ), pour le conduire chez lui afin de partager un succulent repas préparé par Madame' le tout arrosé d'une bière, dite réparatrice, et d'un bon verre de vin rouge du cru, aux vertus connues même du plus moribond des cyclos![']
Sur la petite place de Briscous, après l'achat d'un tube de lait concentré, apparut, à la grande surprise de l'Homme, un doux visage souriant, nimbé de lumière qui prononça le nom de l'Homme': "Monsieur Janssen'". Elle se nommait Pierrette Bidart et était Sariste (notez le S majuscule ).
Jean JANSSEN(S-H)
A Bayonne, je rencontre Gilbert Videau qui a eu l'excellente idée de venir me rendre un service apprécié: traverser Bayonne et m'amener vers Saint-Vincent-de- Tyrosse.[']
Je fais une heureuse rencontre avec Jean-Claude Bobineau et Michel Gand qui m'aident à traverser la jolie ville de Castillon-la-Bataille et qui m'accompagnent sur la route vers Montpon. Nous devisons, tout en appuyant allègrement sur les pédales. Il est question de Diagonales, de Paris-Brest, de géographie locale. Ils me donnent ainsi du courage pour achever la journée.[']
A la sortie de la forêt d'Hesdin, j'ai l'agréable surprise d'apercevoir deux amis, Jacky Elleboode et Francis Couttenier (diagonaliste), venir à ma rencontre. Le trio ainsi formé est rejoint à Saint-Omer par Bernard Hebben (diagonaliste) et par André Dworniczak (que tout le monde connaît). En apercevant André, je me posais la question : " Suis-je le diagonaliste qui a rencontré le plus de saristes?". J'en suis tout de même à six saristes sur deux Diagonales'
Jean JANSSEN(H-D)
Alors que nous abordons les premiers lacets du col de la République, le temps commence à se brouiller. La montée est belle. Au sommet, un cyclo semble nous attendre. Confirmation quelques instants plus tard: il s'agit de Camille Velle, un diagonaliste membre du Service d'Accompagnement Routier. Il va nous aider à traverser la ville de Saint-Etienne.[']
En pleine descente, une pluie musclée s'abat sur nos frêles épaules. Camille, imperturbable, dévale toujours au même rythme. La traversée de Saint-Etienne s'effectue en un éclair alors que l'orage gronde derrière nous. Nous laissons le chaudron vert sur notre droite et disons au revoir à notre navigateur, Camille Velle, qui nous a permis de gagner facilement trois quarts d'heure. Merci encore Camille.
Laurence CRETON, Olivier BOUTINAUD(M-B)
15 kilomètres avant la capitale bressane, Paul Guinet nous croise en voiture. Prévenu de notre passage, il nous escorte jusque chez lui, nous faisant traverser Bourg sur les chapeaux de roue. L'ami Paul est, dans le désordre, membre du Comité d'Organisation de la Semaine Fédérale de l'an 2000, diabétique et diagonaliste. Il nous offre un bon petit déjeuner et nous met sur la route de Louhans. Il nous trouve bonne mine, et ses encouragements nous dopent.
Annie, Guillaume et Alain CHARRIERE(P-S)
Qui arrive juste avant Mirambeau? Mon ami Robert, receveur des Postes à St-Seurin-de-Cursac, près de Blaye, qui a délaissé son guichet pour venir nous accompagner. Connaissant la région qu'il parcourt quotidiennement à vélo, il s'empresse de nous faire quitter la nationale, pour nous emmener par de petites routes jusqu'à son bureau de poste, où il a préparé tartelettes, fruits et boissons fraîches que nous engloutirons avant de nous embarquer sur la Gironde. Ajoutons que pendant une vingtaine de minutes, affalés dans le bureau de poste, nos pieds profiteront également de ce moment de détente. Nous avons bien pris le bac de 17h30, toujours accompagné de Robert qui aime les traversées, il a l'impression de partir en voyage lointain, et qui se paiera donc un bac aller-retour le vélo à la main! Jean-Pierre Decouty est à l'arrivée et, sans attendre, nous voilà partis pour Pessac, soit 2h30 de vélo encore. La journée a été longue, chaude, fatigante et elle n'est pas finie. Le trajet jusqu'à Pessac se fera doucement, sous un ciel très orageux qui nous épargnera (presque), ponctué des traditionnels arrêts " pieds sensibles ". Malgré sa maison en travaux, Jean-Pierre a mis les petits plats dans les grands et l'accueil est digne de sa réputation. Il a tout cuisiné avant notre arrivée pour n'avoir plus qu'à réchauffer les plats, pas cyclos mais gastros!
Bernadette GAYET, Robert DE RUDDER(D-H)
J'ai trois quarts d'heure de retard sur mon horaire à Belfort, malgré un départ avancé de 20 minutes, et j'ai l'agréable surprise d'être attendu par un accompagnateur sympa, Frédérik Alberda, qui m'emmène manger un morceau chez lui.
Serge DELABROSSE(S-P)
C'est à quelques kilomètres de Belfort que nous devions rencontrer notre premier accompagnateur. Traversée de la ville sans encombre et, sur ses conseils, suite à un problème de dérailleur, pause à Héricourt, chez M. Zanchetta. Malgré le travail en cours, il prend le temps de suspendre le vélo. Le diagnostic est vite fait : chaîne en mauvais état et dérailleur non réglé. Profitant de l'arrêt, René trouve même une selle Rolls, qu'il fera installer sur-le-champ. Amis cyclos, retenez donc le nom de ce vélociste sympa. Au moment de partir, il nous remettra même une casquette que nous emmènerons à Hendaye puis à Dunkerque pour la seconde Diagonale.
Joël LAMBERT, René BOULET(S-H)
Un peu plus tard, alors que la pluie a fait son apparition, nous faisons la jonction avec Jean-Pierre Decouty, super diagonaliste, domicilié à Pessac. C'est avec lui que je devais réaliser le tour de France en 1997, mais une vilaine histoire de coliques néphrétiques a stoppé net mon projet à Saint-Claude.
Joël LAMBERT, René BOULET(D-H)
Nous avons une heure de retard quand nous apercevons, vers Le-Poire-sur-Vie, une silhouette jaune. C'est René Mouezy qui est venu à notre rencontre (il pensait nous avoir loupés), il nous guide et nous permet une traversée rapide de La-Roche-sur-Yon qui nous conduit jusqu'à son domicile où la table dressée par son épouse nous attend.[']
Il fait nuit, les routes bretonnes déroulent leur tapis de bosses et de descentes. Carte postale à Landerneau, le Roc Trévezel. Contrôle et petit déjeuner à Carhaix. A la sortie de la ville, nous sommes arrêtés par Victor Rosnen qui vise nos carnets de route, il préférerait être avec nous sur la route, mais le travail oblige'
Jean Marie DURAND, Louis ESTRADE, René LUCHAIRE(B-P)
Peu avant Beaune, nous trouvons Gilbert Jaccon venu à notre rencontre. Ce dernier nous propose d'aller manger chez lui, ce qui nous fait un immense plaisir. Après cette halte chaleureuse, nous reprenons la route. Gilbert nous accompagne, en nous indiquant un itinéraire à travers les vignobles tels Pommard, Meursault et ce jusqu'au canal du centre, équipé d'écluses, qu'il nous conseille de suivre, étant donné que le canal était parallèle à notre parcours.
Jacques FLORES, Jean SEGARRA(S-H)
Quelques 20 kilomètres avant Montendre, un sariste girondin nous rejoint, mais, surprise, ce n'est pas pour nous qu'il est là mais pour deux diagonalistes qui relient Dunkerque à Hendaye. Comme nos parcours sont communs, il restera avec nous jusqu'à Montendre.
Bernard AUSSILLON, Daniel CRISTIN, Daniel TUDOR, Francis TOUZEAU(P-B)
Commence alors le toboggan vers La Française. Et soudain, il est là, le sariste, attendu comme un nouveau Moïse qui doit diriger son peuple à mains fortes et à bras étendus vers une Terre Promise. Francis tout d'abord, pour Montauban, et Bernard ensuite pour Toulouse, nous aideront à traverser ces villes, yeux fermés, bien à l'abri derrière nos guides, échappant à la horde furieuse des chars modernes de pharaons au petit pied, comme jadis les esclaves hébreux narguant les fiers Egyptiens et traversant à pied sec une Mer Rouge qui allait se refermer derrière eux et engloutir leurs poursuivants.
Roger GABORIAU, André TIGNON, Marcel LEFEBVRE, Christian FIEVET(B-P)
Je fais à peine 3 kilomètres, un automobiliste me klaxonne, c'est André Dworniczak. Il n'a pu m'accompagner en vélo car il allait à un mariage. Il a fait un détour pour me rencontrer.
Emile LE ROUX(H-D)
Après un petit déjeuner rapide, nous nous retrouvons devant le commissariat où André du SAR et 2 cyclos de Lamballe nous attendent. La même Diagonale pour un parcours différent va nous conduire vers la même destination, Hendaye. Nous sommes les premiers en cette année du Paris-Brest-Paris à partir de Dunkerque pour effectuer une Diagonale.
Isabelle PASQUIER, Philippe GARGOUIL, Alain DESQUINEMARRE(D-H)
Du côté de Biarritz, vers 5h45, un automobiliste me fait signe et s'arrête, c'est un diagonaliste qui habite à St-Jean-de-Luz, auparavant il habitait Peyrehorade, il se rend à son travail. Le mois prochain, il fait Dunkerque-Hendaye. Après quelques minutes de discussion, je continue, et après Ondres, un autre automobiliste s'arrête, c'est un membre du SAR d'Anglet qui se dirige sur Bordeaux.
Emile LE ROUX(H-D)
[NDLR: les saristes sont Joseph Olazagatti et Gilbert Videau]
Juste avant d'arriver à Mont-de-Marsan, une voiture nous klaxonne et s'arrête. C'est Christian Diandet, diagonaliste, qui est venu à notre rencontre. Une chance pour nous qu'il nous ait trouvés malgré notre modification de parcours. Nous lui faisons un rapide compte-rendu de nos précédentes étapes, il nous propose de valider le contrôle de Mont-de-Marsan, ce que nous acceptons volontiers. Nous le quittons en le remerciant cordialement.
Jean Claude ROMARY, Jean Paul ROYER(S-H)
A la sortie de Mont-de-Marsan, surprise, on m'interpelle sur le bord de la route. Un membre du SAR. Quelle surprise! Le dernier rencontré remonte à ma première Diagonale, donc il y a quelques bonnes années (le cycle des neuf est déjà fini et je poursuis dans l'autre sens). C'est Christian Diandet, qui après ses cours, vient saluer un autre enseignant. Ce sera une courte et bien agréable rencontre et qui remonte bien le moral, surtout sur une tentative en solitaire.
Claude BERNARDON(H-S)
C'est entre Saint-Aubin et Saint-Sever que nous rencontrons Christian Diandet, accompagnateur des diagonalistes. Après son petit coup de tampon, il nous encourage en nous annonçant que nous avons mangé notre pain noir et que maintenant il y aura moins de bosses.
Jacqueline et André GILLIOT(H-M)
Que dire qui n'ait été dit de ces rencontres? Illustres inconnus hier, si proches et déjà amis aujourd'hui. Une convivialité immédiate, réciproque, chaleureuse qui s'apprécie davantage encore autour d'un verre ou d'une bonne table, comme celle de la Pizzeria di Roma à Aucamville. Et en sus, le réconfort d'être compris et intégrés dans la famille des diagonalistes.
Roger GABORIAU, André TIGNON, Marcel LEFEBVRE, Christian FIEVET(B-P)
Cette section décrit clés volages, hôtes généreux ou mesquins, hôtels borgnes, gîtes sans âme, palaces surcotés, havres confortables' et fait l'apologie de l'hôtel Santiago qui réunit les suffrages des arrivants à Hendaye.
Mardi 20, 4 heures. Nous sommes prêts mais par où sortir, le portail est fermé! Pas de petite porte d'accès, pas de code, pas de clé. Il y a bien une échelle sur le toit d'une fourgonnette, mais Gilbert préfère entasser des casiers de bouteilles et le voilà, en chaussures cyclistes, escaladant le portail. Après, il va falloir hisser les vélos et me hisser moi-même, c'est pas gagné! En prenant appui sur les barreaux, le portail bouge. "C'est le jeu qui se rattrape, me dit-il". J'insiste. "Pousse encore, je te dis qu'il bouge" et le portail roule sur ses rails. Il n'était pas verrouillé!
Pierrette BIDART, Gilbert VIDEAU(D-P)
Après Bellème, nous décidons de continuer vers Le Mans. Il n'est pas loin de 20 heures mais en traversant le dernier village de l'Orne, Igé, une halte à l'épicerie du coin va nous être salutaire. Nous voyant bien fourbus par une nuit et une journée de vélo (410 km), la charmante épicière du coin va nous donner l'adresse de Monsieur et Madame Courboulin, de sympathiques personnes très accueillantes qui vont nous fournir le couvert et le gîte pour la nuit. Nous les en remercions sincèrement tous les quatre.['] Notre départ d'Igé est une vraie séparation; nous quittons Monsieur et Madame Courboulin après un petit déjeuner préparé par eux à 4 heures et demie! Nous penserons encore longtemps, en pédalant de Bonnétable, point de contrôle, vers Le Mans et le Lude que nous atteignons à 9 heures, à ces gens qui n'ont pas hésité une minute à nous prêter leur maison, et pourtant, 4 cyclos en fin d'étape de Diagonale, ce n'est pas rien!
Cyrille ELLART, Serge FLAMANT, Didier FORESTIER, Bernard PATOUX(D-H)
Jonzac: arrivé à 19h30 à la pension Jean Moulin, l'accueil est chaleureux bien que je tombe en plein repas. Tous les convives attablés autour de la grande table d'hôte me dévisagent comme une bête curieuse' La patronne m'indique ma chambre (la seule disponible'ouf!) et sera toute la soirée aux petits soins. J'aurai même droit au café chaud dans une thermos demain matin! Je m'endors au calme dans ma chambre parfumée qui donne sur le jardin. Le lendemain matin, j'ai la surprise de voir l'hôtesse venir me tenir compagnie, m'indiquant avec précision la route que je devrai emprunter en direction de Montendre. Quel accueil, quelle serviabilité, des établissements comme celui-ci sont vraiment dignes de figurer dans le guide cyclo ou même notre Petit Diagonaliste.
Pascal COUDERT(B-P)
Aubusson d'Auvergne: le Gîte, propriété de la FFCT est grand, bien aménagé' et un peu froid, comme l'accueil. On dirait que les seules préoccupations du gérant, pianotant derrière son ordinateur, sont la rentabilité et le chiffre d'affaires. Seuls les échanges avec les autres cyclos, pendant le repas, seront chaleureux.
Jean-Luc GIROD(B-M)
A Luant, un établissement affichant la mention hôtel sur son enseigne est sur le point de fermer. Promptement nous entrons et demandons s'il reste une chambre de libre. Le propriétaire est surpris par notre question car l'ouverture officielle de l'hôtellerie n'a pas encore eu lieu. Cela n'arrange pas nos affaires. Devant la mine déconfite de Laurence, le futur hôtelier nous propose quand même de dormir dans une chambre en travaux. Peu importe, ce sera toujours plus confortable que dehors à la fraîche. Il est 22h30 quand nous prenons possession de nos pénates, heureux comme des coqs en pâtes!
Laurence CRETON, Olivier BOUTINAUD(M-B)
Traversée nocturne d'Evreux au pifomètre, la côte, les pieds de Bernadette, l'hôtel bien caché, la CB marchera-t-elle ? Monter les vélos dans la chambre, la douche, au lit, il est 23h30 et nous nous levons à 5 heures. Et Bernadette ne digère pas ses pâtes. Sûr, la journée a été longue et nous sommes fatigués.['] Thouars: départ donc à 5 heures. Nos vélos ont été mis à l'abri dans la salle de télévision, et le gardien de nuit est chargé de nous ouvrir la porte de cette salle, sachant qu'il quitte son service à 5 heures et que le chef de cuisine, qui assure le service du petit déjeuner pour les pensionnaires du Foyer des Jeunes Travailleurs n'arrive qu'à 5h30. Je me lève le premier, je consulte ma montre : 5 heures! Je plonge, habillé dans mon seul collant pour ne pas trouver le gardien de nuit qui vient de ' partir. Départ matinal encore raté. Ce n'est qu'un peu avant 6 heures que nous serons sur nos bicyclettes, et encore une fois sans vrai petit déjeuner.
Bernadette GAYET, Robert DE RUDDER(D-H)
C'est l'arrivée triomphale à Formerie où je passe la nuit. L'hôtel est fermé (je le savais), mais la patronne m'avait indiqué, au téléphone, comment ouvrir le portail, déjouer la vigilance de l'énorme chien de garde, un labrador pépère, et enfin, découvrir la porte d'entrée de l'établissement. Merci pour cette confiance' mise à mal le lendemain matin car, au moment de partir, après avoir laissé le règlement, en argent liquide, dans la chambre, je butais contre cette même porte' verrouillée. M'. Heureusement, dans la nuit j'avais entendu des clients qui gravissaient les étages' juste au-dessus de mon refuge. Alors, armé de ma pompe à vélo, une Zéfal chromée!, vociférant, prêt à en découdre, je montai réveiller les Ténardier. Et là, à deux paroles de l'incident diplomatique, une superbe blonde, largement dénudée' vint m'ouvrir, en pleurs à l'idée d'avoir refermé la lourde. Alors, pour s'excuser' Oh, ho, arrêtez de fantasmer, bandes de doux rêveurs. La patronne s'est levée et m'a ouvert. Point! et c'est reparti.
Philippe PETIT(D-H)
L'arrivée à Varages, lieu de tampon et du couchage avancé, se fait en descente. On verra bien demain. Il nous faut trouver un hôtel, dans ce village important d'après la carte. On se rabat sur un gîte rural où, après d'âpres négociations, comme ils disent à la télé, on découvre qu'il reste pour chacun un lit et une assiette alors qu'au départ, il n'y avait que deux petits lits. Heureusement qu'on n'est plus très frais quand on entend le prix, mais dans ces moments là' Le crapaud dans la mare, lui, couche gratuit' Le compteur a encore grimpé de 300 kilomètres.
René RIVIERE, Jacky TOINON, Bernard GODDE, Christian GAGNIERE(H-M)
Coup de chance, à Moyenmoutier, alors que tout est fermé, un bar brasserie avec chambres semble ouvert. Le patron, sur le seuil, me dit qu'il ferme mais qu'il veut bien me donner une chambre, par contre, plus de repas. Comme il est compréhensif, il me propose de manger une pizza achetée au vendeur ambulant sur la place, tout en me fournissant la boisson. Je suis moins étonné de sa compréhension lorsque je m'aperçois que son bar est le siège du club de VTT local.
Claude BERNARDON(H-S)
Nous faisons un excellent repas dans l'Auberge de la Planquette à l'entrée de Réquista. Le personnel, charmant, nous apprend qu'un confrère est passé la semaine précédente, déçu car il n'était plus dans les délais pour réussir sa Diagonale.
Joël DE RUDNICKI, Bernard COSSU, Alain ODELOT(D-P)
Blagnac: Mardi 27. 3h30. Petit déjeuner dans la cuisine du restaurant: café tiède, lait tourné et en prime, course aux cafards. 4 heures. Il faut sortir de l'hôtel; oui, mais comment faire sans clé ? Le patron a oublié de la laisser sur la porte. On fouille les placards, les tiroirs, on soulève les tapis. Peine perdue. Soyons positifs. Il est 4h30. Ce sera la journée grasse matinée, on se recouche. 6h45. Enfin du bruit, on va pouvoir partir. L'hôtelier, pas très sympa, s'excuse à peine.
Pierrette BIDARD, Gilbert VIDEAU(P-B)
A Chauny, le matin de mon étape, je me retrouve sur le trottoir devant l'hôtel, mon vélo à la main, mon casque et, aux pieds, mes sandales; j'avais oublié mes chaussures cyclistes dans le garage. Je dois attendre la boulangère qui livre les baguettes pour le petit déjeuner, prétextant lui ouvrir la porte. Non, merci monsieur, j'ai un passe. Je lui tiens quand même la porte, lui prouvant ma galanterie et en profite pour faire une rapide incursion dans le garage. J'avais hâte de retrouver mes chaussures préférées.
Gérard LAURENT(D-M)
Vers 19 heures, nous arrivons à Olonzac où nous trouvons un hôtel géré par un Lyonnais venu s'installer là depuis une semaine. Il nous réserve un accueil fraternel. Tout n'est pas parfait dans cet hôtel mais le pot du patron mérite un détour, et si nous n'avions pas dû nous lever si tôt le lendemain, nous en aurions peut-être commandé un troisième pichet. Jeudi 17 juin, notre hôtelier est là, debout à 5 heures, pour nous servir le petit déjeuner. C'est rare.
François GERFAUD-VALENTIN, Daniel COMBET, Bernard PERRIN(H-M)
J'arrive vers 22h15 à la Guerche-sur-l'Aubois. Je voudrais y faire étape mais tout semble endormi. La lumière du bar de l'Hôtel Logis de France est encore allumée. Je tourne la poignée de porte, désappointement, c'est déjà fermé. J'approche mon visage de la vitre, les tenanciers sont dans l'encoignure de la porte mais ne bougent pas. Je tourne de nouveau la poignée et ces chrétiens disparaissent derrière la porte du bar plutôt que d'ouvrir au pèlerin cycliste.
Jean-Luc LEBEAU(D-P)
Montmarault: c'est samedi, deux hôtels sont déjà fermés à 21h30, et l'autre est complet! Je quémande, dans l'ordre, un salon, un coin de moquette, de garage, une grange ? Devant mon grand désarroi, l'hôtelière réussira, par téléphone, à nous dégoter une chambre dans un hôtel qui va rouvrir pour nous. On ira même chercher la clé en voiture! Et en plus, on va pouvoir manger!
Bernard GAY, Antoine MAZA(B-M)
Nous arrivons à Gaillon à 22h30 à l'Hôtel de l'Ouest. Les propriétaires nous attendent sur le pas de la porte ainsi que quelques clients curieux de voir des cyclos surgir de la nuit. L'urgence étant de nous réchauffer et nous laver, les douches sont vite occupées. Un repas salvateur et une soupe paysanne préparée par l'aubergiste nous font revenir quelques moments parmi la civilisation. Les clients tardifs nous posent des questions sur notre itinéraire, notre motivation, ils sont admiratifs de notre courage. A cette occasion, j'ai pu constater que le Nord de la France ne sait pas où se trouve Hendaye.
Jean-Paul commence à s'endormir à table. Vu la fatigue et les kilomètres à avaler, nous ne tardons pas à nous coucher. Un détail, l'auberge était située à côté d'une ligne de chemin de fer où passait un train tous les quarts d'heure et faisait trembler la maison. Malgré ce bruit, aucun de nous quatre n'a entendu le trafic de la nuit.
Bernard BERTINELLI, Jean-Paul HAVALARD, Paul GOUTAILLER, Gérard FAYET(D-H)
Nous passerons la nuit à l'Hostellerie du Gourmet à Etang-sur-Arroux. Le repas est excellent et les chambres confortables. Nous avons prévu de démarrer à 3 heures. Pour le petit déjeuner qui sera gracieusement offert, le patron nous explique le fonctionnement de la machine à café et nous autorise à fouiller dans le frigo. Merci pour la confiance. Monsieur et Madame Laboche sont vraiment sympas.
Bernard LABURTHE, J.P. ROUBIN, Joseph OLAZAGTZI(D-M)
Dijon: il est 20 heures, j'ai parcouru 300 kilomètres aujourd'hui et j'ai faim. Je traverse la ville et m'arrête dans un Flunch où je choisis avec appétit mon petit repas. Je fais tamponner et m'inquiète de l'adresse d'un petit hôtel, style F1. Je suis dans la bonne direction car quelques 6 kilomètres plus loin, je tombe sur la zone des nuits à 150 francs. Complet au premier, idem au second, la chance me sourit car le troisième me propose une chambre juste au rez-de-chaussée à 5 mètres d'où je suis. Ce soir, je prends une douche, je mets mes affaires à sécher et demain, réveil à 4h10.
Alain ROY(H-S)
Il est 20 heures. On est à Fougères. On est attendu à Plessala où la femme d'un diagonaliste nous attend pour l'étape.['] Les derniers kilomètres pour Plessala sont longs. Arrivée à 3h30. On ne trouve pas la maison de notre bienfaiteur qui viendra à notre rencontre suite à un coup de téléphone. Quel accueil! On est comme des rois. Quel plaisir de rentrer dans cette maison. Il fait chaud. Enfin, on prend une douche, on se change. Quel bien cela fait. La soupe nous attend. Mme Rault nous parle de son mari et de ses galères de diagonaliste. Elle comprend parfaitement notre état de fatigue; des lits sont préparés à notre intention. Quel plaisir que d'être sous une couette, repos d'1h30 qui fait un bien fou, même si c'est court. Je saute vite du lit, de peur de me rendormir.
Philippe ALLOT, Hubert FREY(S-B)
A l'entrée de St-Père-en-Retz où nous avons prévu la halte nocturne, je m'arrête pour téléphoner. Louis m'attend pendant que René se rend à l'hôtel, le Grand Hôtel, où nous pensions trouver gîte et couvert. Nous rejoignons la place du village où nous retrouvons René abasourdi. Il vient de se faire proprement jeter par l'hôtelier qui n'apprécie guère la gent cyclotouriste, représentante d'une catégorie en vacances pendant que les autres travaillent. Si les gens qui sont en vacances s'arrêtaient de fréquenter les hôtels, quel serait l'avenir des hôteliers ? Donc, ami diagonaliste, ne perturbe pas le travail du patron du Grand Hôtel de St-Père-de-Retz, passe ton chemin.
Jean-Marie DURAND, Louis ESTRADE, René LUCHAIRE(B-P)
Notre progression continue vers Marseille en Beauvaisis, Grandvilliers pour finalement faire étape au Cheval Blanc à Poix-en-Picardie. Si le pauvre Henri IV passait par-là, il n'en reconnaîtrait plus son cheval, du blanc, il a viré au gris' Enfin, nous n'en dirons pas plus mais il s'agit là d'un établissement à éviter. Durant notre périple, nous avons vu beaucoup moins cher en rapport qualité-prix. Même la Badoit présentait une date périmée, c'est pour vous dire, les bulles avaient fui depuis 1997' Si, si' Oublions vite cet endroit, d'ailleurs nous l'avons quitté dès le réveil, et nous sommes partis sans même nous retourner.
Joël LAMBERT, René BOULET(H-D)
Hôtel Santiago:
Après le pointage au commissariat, je tente une approche au Santiago. Bingo! Le jeune et dynamique patron me déniche une chambre. Je suis heureux, après ce déluge. Passé le repas, et un bon grog bouillant, j'ai droit à la photo qui viendra enrichir la collection déjà étoffée de mon hôte. En effet, depuis environ un an, le chef photographie chaque cyclo ou groupe de cyclos lui faisant l'honneur d'une halte dans son établissement. Je monte enfin me coucher car la nuit sera courte. Demain, départ à 4 heures' destination Menton. Mais ceci est une autre Histoire'
Philippe PETIT(D-H)
A Hendaye, le patron de l'hôtel Santiago (voir Guide cyclo) est un ami des diagonalistes. Il les photographie tous à leur arrivée et expose les photos. J'ai bien aimé sa réflexion: "Pour moi, les cyclotouristes, ce sont des gens comme vous, avec des bagages! Ici, sur la côte, je n'en connais pas!"
Pierre ETRUIN(D-H)
Gastronomie: au menu, tarte aux pommes, E.P.O. et mayonnaise. Et surtout pas de Mac Machin.
Moulins est traversée, j'achète une belle part de tarte aux pommes de terre et deux tartelettes aux pommes. Je remonte de suite sur le vélo, car j'aime bien manger en roulant. Je mange plus doucement sachant que je ne perds pas de temps et c'est un plaisir très fin de pédaler en mangeant et de manger en pédalant. Les sens sont au repos et l'approvisionnement en carburant ressemble à un ravitaillement en vol. Le sucre d'abord, toujours. Puis, je ne peux résister à entamer la belle part de tarte aux pommes de terre. Seulement 35 kilomètres et il est midi à Bourbon-Lancy. Une petite auberge au bord du lac propose son plat du jour. Je m'arrête, je veux préparer les jours à venir et préfère assurer un bon repas et faire des réserves. Je reste attablé pendant une heure et, repu, j'enfourche le vélo.
Alain ROY(H-S)
Passons par Clermont-l'Hérault, St-Martin-de-Londres, Sommières, ma forme est au plus bas parallèlement à mon pot de crème de châtaignes. Vous ne le savez pas ? c'est mon E.P.O. à moi! Encore un casse-croûte géant, bon sang de bonsoir, on va faire rougir la chaîne. Mes copains aussi ont leur dopant, cette boisson à bulles venue d'Amérique. On vit trois relais de folie. Et puis le vent, le bitume grossier nous ramènent à la raison.
René RIVIERE, Jacky TOINON, Bernard GODDE, Christian GAGNERE( H-M )
Midi: Clermont-Ferrand. Il faut manger. Une idée folle me vient, allons au Mac Drive. On passait devant. Traversée rocambolesque des ronds-points et autres feux rouges. Nous voilà dans la file d'attente, derrière les voitures à essayer de déchiffrer les spécialités proposées. Demi-tour, ce n'est vraiment pas pour nous. Un bon plat de lapin aux nouilles dans un resto ouvrier fera amplement l'affaire sauf pour mon estomac.
Pierrette BIDART, Gilbert VIDEAU(D-P)
Nous nous sommes nourris exclusivement de pâtisseries pour le déjeuner, de pain (baguettes), fromage, saucisson, mayonnaise pour le midi et le soir. Consommation personnelle en bières: 44.
Jacques LAHAISE, Olivier DELVAL(P-D)
On évoque l'amitié, le dévouement, la solidarité, la solitude aussi, mais on déplore parfois le douloureux abandon.
Equipe, équipiers, équipières:
La N83, dans Strasbourg à moitié endormie, me paraît difficile! Mais Robert, ancien transporteur routier, qui connaît les grands axes comme sa poche, ne perd pas le Nord; en quelques zigzags, il accroche la voie du Sud.
Guy DESGRANGES, Robert TABARIN(S-P)
Douleurs, manque de sommeil, pluie, vent et fatigue cumulés commencent à altérer sérieusement le moral de certains. C'est à Saint-Maixent-l'Ecole, après 662 kilomètres de vélo, que Jean-Paul commence à craquer. Il imagine des scénarios d'accidents, des problèmes de toutes sortes et met le doute au sein du groupe. Voyant la tournure que cela prenait, j'ai décidé de lui passer un bon savon en lui disant entre autres " qu'il ne servait à rien de supposer des accidents, certes toujours possibles, mais que notre but c'était de pédaler, d'être sur le vélo et d'arriver à Hendaye dans les temps ". Le sermon fut certainement bon car je ne l'entendis plus prononcer de paroles pessimistes. Plus tard, il me remercia même de l'avoir admonesté!
Egalement ce jour, Paul commence à se plaindre du genou gauche et il faut s'arrêter assez souvent pour des séances de pommades sur les genoux, les jambes et les fessiers en prenant soin, bien sûr, de ne pas inverser les applications des différents produits' car les effets d'un baume réchauffant se seraient vite fait sentir' surtout sur notre partie charnue!
Paul GOUTAILLER, J.P. CHAVALARD, Gérard FAYET, Bernard BERTINELLI(D-H)
Juliette: toujours régulière dans son allure, souvent en tête du groupe avec Christian, et quelle aisance dans les côtes! Elle fut une équipière à part entière. Jamais fatiguée, elle était toujours la première à contacter l'hôtel le soir. Les félicitations au commissariat de Perpignan étaient des plus méritées. Avec ses qualités, une note de féminité dans un groupe de diagonalistes ne peut être que bénéfique.
Juliette BOUTILLIER, Michel ANDRIEU, Edgar BRIDOUX, Christian LEBON(B-P)
Nos amis ou épouses ne doivent pas hésiter à entreprendre des Diagonales. Leur ténacité, leur endurance y font merveille. Pour preuve les (rares) solitaires et les (nombreux) couples qui réussissent dans leur entreprise.
Abandons:
C'est à 3 heures du matin qu'est fixé le départ de la troisième étape, soit deux heures avant l'horaire fixé. Pourtant, après 80 kilomètres, cette avance a été grignotée et on accuse un déficit de deux heures à Joigny. Laurent n'arrive plus à prendre une cadence raisonnable, même sur le plat. Avec Dominique, on lui fait comprendre qu'à cette allure là, on n'a aucune chance de rallier Strasbourg, même en roulant toute la nuit et on le persuade d'arrêter. Laurent prendra le train pour Paris et nous rejoindra à Strasbourg. Dès lors, on entreprend avec Doumé de récupérer notre retard.
Gérard MEUNIER, Dominique DEVOS, Laurent MOURANCHON(B-S)
Nous venons d'entrer en Bretagne et les vallonnements, conjugués au vent défavorable, réduisent bien notre allure. Nous contrôlons à Questembert à 9h10, ce qui fait une demi-heure de retard sur notre horaire. Nous maintenons à peu près l'écart jusqu'à Pontivy où il est impératif de nous ravitailler. Les épiceries sont fermées mais un croq'chaud restauration rapide fait notre affaire. Malgré notre faim, c'est une mauvaise nouvelle qui reste en travers du gosier: Ghislaine a décidé d'abandonner à cause de douleurs qui la minent depuis deux jours et elle se montre aussi ferme dans sa décision qu'elle est vaillante dans l'effort. Bref, il n'y a pas moyen de la dissuader.
Ghislaine et Roger DEVULDER, Max AUDOUIN, J.F. CORBIN(P-B)
Pendant le repas, Alain nous fait part de son inquiétude, la douleur vive n'a fait que s'accentuer au cours de cette première journée et, même si Alain ne dit rien, je sais qu'il souffre.[']
Quelques kilomètres encore et Alain doit renoncer s'il ne veut pas aggraver sa tendinite. Il retourne vers Dreux où le train va lui permettre de rentrer chez lui pour se soigner. Instant d'émotion au moment de nous quitter, nous ne pourrons finir notre septième Diagonale ensemble. Nous repartons la gorge serrée et le coeur triste.
Isabelle PASQUIER, Philippe GARGOUIL, Alain DESQUINEMARRE(D-H)
Solidarité:
J'ai du mal à tourner les jambes, à rester derrière Hubert. Avant d'arriver à Donnemarie-Dontilly, Hubert prend mes deux petites sacoches de mon porte-bagages pour les mettre sur le sien. Maintenant, son vélo ressemble à un cyclo-camping, 3 sacoches à l'avant, 2 à l'arrière. Je suis plus léger, toujours fatigué, mais je sens quand même la différence.
Philippe ALLOT, Hubert FREY(S-B)
Que faire pour que nous puissions tous les deux espérer arriver dans les délais ? Est-ce si important ? Après quelques dizaines de kilomètres et un peu de réflexion, je propose à Philippe de prendre ses sacoches pour le soulager un peu (nous sommes alors sur la D40 proche de Nogent-sur-Seine) et de rester dans ma roue tout en adoptant un rythme plus sage.
Philippe ALLOT, Hubert FREY(S-B)
Brest se rapproche, je suis ému, même si Hubert ne le voit pas. Je pleure, et là, mes pensées vont droit à mon Père qui m'a quitté 15 jours avant le départ. Lors de sa maladie, on avait discuté de cette Diagonale, je voulais aller au bout à cause de tout cela, même si j'ai plus que puisé dans mes ressources. Mon caractère à lutter m'a aidé à passer au-delà de ma fatigue. Mais sans un coéquipier comme Hubert, rallier Brest aurait été plus qu'un calvaire' Mille mercis, Hubert!
Philippe ALLOT, Hubert FREY(S-B)
Solitude:
"Mais vous ne vous ennuyez pas, tout seul sur votre vélo, toute la journée?" me demande-t-on souvent. M'ennuyer ? Aussi difficile que de ne penser à rien. Il y a toujours quelque chose à voir, à entendre' La route est chevauchée de fantasmes, de rêves fantastiques, de cauchemars'
Philippe PETIT(D-H)
Quand les matins sont lugubres, les réveils difficiles, les poids lourds lourds, les délais trop étroits comme les chaussures de Bernadette, et les réflexes émoussés.
La nuit fut froide, et au lever du jour, le froid encore plus intense et la fatigue commencent à entamer mon moral, d'où des idées d'abandon. Après trente minutes de sommeil dans le foin (que c'était bon!), je repars avec la certitude de finir à tout prix, même hors délais s'il le fallait.
Jacques CUNY(D-P)
[NDLR : Il réussira]
Inoubliable réveil ! Dominique, hagard, se lève comme un ressort et crie : "Les gars, il est 5h06. Mon réveil n'a pas sonné!". Voilà un démarrage au quart de tour avec une bonne heure de retard. Avec un talon gauche et un genou droit tendineux, une entre-cuisse cuisante, je ne vois pas comment je peux faire équipe pour réduire le handicap. Pour le coup, on a vraiment droit au petit matin tout à fait rose, un matin qui dévoile une longue ligne droite tout doucement montante. Et voici qu'à mon tour je donne de la voix : "Les gars, on a oublié lé contrôle de Lencloitre!" Quel début de matinée! A Neuville, tout près du Futuroscope, on répare notre oubli et c'est reparti avec 1h30 de perdue.
Dominique MAN, J.L. ORDONNOZ, J.L. VILLENEUVE(D-H)
Je me réveille de nouveau à 3h30 pour prendre mon petit déjeuner et me délester d'une partie de mon équipement au regard d'une blessure occasionnée par les bretelles de mon sac à dos. Je dois réintégrer ma tenue cycliste encore mouillée alors qu'il continue de pleuvoir.
Hugues LECLERCQ(D-M)
La sonnerie téléphonique programmable de l'hôtel, pourtant minutieusement réglée à 3h15, oublie de fonctionner! Heureusement, j'avais aussi, par sécurité, réglé le petit réveil offert par Jeanine la semaine précédente pour la fête de pères. C'est lui qui me délivre de Morphée. Il en sera de même les autres jours et je lui dois sans doute une partie de la réussite de cette Diagonale.
Pierre ETRUIN(D-H)
Après avoir déjeuné tranquillement, comme des diagonalistes, Pierrette jette un oeil sur sa montre; 4h35, coup de masse, le réveil n'est plus à l'heure, pourquoi ? Pas le temps de réfléchir. Nous quittons l'hôtel avec vingt minutes de retard sur les prévisions.
Pierrette et Guy GUILLOTEAU(S-H)
Saint Dizier-Strasbourg (265 km). Lever 4h45 et départ dans les meilleurs délais sans boire le moindre petit café noir. Pour moi, c'est insupportable. Comme on dit, j'ai le coeur qui dort et ce ne sont pas les camions qui roulent pleins phares et qui klaxonnent avec force décibels à nos oreilles qui réussiront à m'éveiller. Les longues lignes droites, en forme de toboggans, représentent ce que je déteste le plus en vélo. Elles ont raison du peu d'optimisme qui me reste.['](Michel).
L'après-midi, je traîne dans les côtes, la chaleur me coupe les jambes et je me mets à penser que l'objectif d'aujourd'hui ne sera pas atteint. Pour couronner le tout, je perds Michel, angoisse et doute. Finalement, je le retrouve mais nous avons perdu beaucoup de temps, beaucoup trop (Thérèse).
Thérèse et Michel WAQUET(B-S)
Un hôtel accueillant, je décide de m'arrêter pour la nuit. Je sais depuis La-Tour-d'Auvergne que la Diagonale ne sera pas réalisée dans le temps. L'amertume qui s'en dégage s'équilibre avec la beauté des paysages traversés, c'est un beau voyage.
Jean-Luc LEBEAU(D-P)
Bientôt, nous nous apercevons que Dominique aurait besoin de quatre mains: deux pour tenir son guidon et deux autres' pour appuyer sur ses genoux; en effet, il a un passage à vide, comme beaucoup de grands champions. Nous l'escortons vers un banc, et là, nous lui faisons avaler tout ce qui peut l'être' même de l'aspirine. Après vingt minutes de pause, nous repartons tranquillement. Nous sommes rassurés quand, voyant une côte, il met les mains en bas du guidon; la forme est revenue.
Dominique DUGUEPEROUX, Claude CAMPENON, Michel FOUINAT(B-S)
Alcool de menthe sur un sucre, ça donne un coup de fouet. Il m'en a fallu plusieurs, jusqu'au moment où, assise sur le banc d'un abribus, dans un état second, le traître flacon me glissa entre les doigts et explosa à mes pieds en même temps que de grosses larmes. Dur, dur!!
Pierrette BIDART, Gilbert VIDEAU(M-D)
J'avais lu les difficultés des Diagonalistes pour sortir de Montbéliard par l'Est vers Etupes. Je confirme car nous ne sommes pas passés à Etupes mais à Audincourt et avons rejoint notre route en escaladant des collines terribles, notamment à Beaucourt. Le trajet Montbéliard-Dannemarie nous coûte plus de trois heures pour moins de quarante kilomètres.
J-C AUGAY, Michel CURAILLAT(P-S)
Nous nous accordons une pause d'une heure à Huelgoat. Avec ce fort vent de dos, rien à craindre. Erreur! Une Diagonale n'est gagnée que lorsque le dernier tampon est apposé sur le carnet. Car au sommet de Roc Trévezel, le vent a tourné. Il est désormais défavorable, très défavorable. Plus question de musarder. Laurence prend alors les choses en mains, en tout bien tout honneur. Elle imprime un rythme soutenu dans la descente menant à Sizun.
Laurence CRETON, Olivier BOUTINAUD(M-B)
Et toujours les pieds à Bernadette. D'ailleurs ceux-ci nous vaudront, durant cette Diagonale, la découverte de quelques cimetières et autres stations-service, seuls endroits où nous pourrons trouver de l'eau, les rares fontaines à avoir résisté servant de pots à géranium et autres plantes décoratives.
Bernadette GAYET, Robert DE RUDER(D-H)
Moments de joie, de plaisir, d'enchantement où le diagonaliste taquine la muse autant que les pédales.
Moments d'ennui et d'efforts soutenus où le diagonaliste écrase les difficultés autant que les pédales'
Ces Landes, en grande partie plates certes, sont paradoxalement très fatigantes à parcourir. Les lignes droites de 10 km et même plus y sont monnaie courante. Elles ne permettent guère de varier la position sur la bicyclette : calé sur la selle, mains aux cocottes. Je ressens des douleurs un peu partout : aux mains, aux avant-bras, aux épaules, au cou et au cul Pas de danseuse possible pour se détendre un peu' Il faut faire preuve d'une grande patience.
Pierre ETRUIN(D-H)
Contrairement à ce que beaucoup pensent, faire du vélo quand c'est plat n'est pas forcément le meilleur cas de figure, et si le vent est de face et la fatigue présente, ça devient carrément insupportable.
Pierrette et Guy GUILLOTEAU(D-H)
On traverse la Loire à Châtillon. Nous apprécions le calme de la route longeant le canal. Nous vivons quelque temps au rythme des écluses et du tourisme fluvial. C'est tout de même mieux que les poids lourds.
Pierrette BIDART, Gilbert VIDEAU(D-H)
Gorges de Galamus: Daniel Cristin stoppe devant tant de beauté, en effet il ne connaissait pas les gorges. Mais pas question de flâner, il faut attaquer le col de Linas, où Daniel Tudon va prendre un coup de buis, mais avec cette force de la nature, pas de problème, tout rentre vite dans l'ordre. La descente sur Limoux est saignante, on se croirait en fin de BCMF. Francis, en grand sage qu'il est, demande de calmer le jeu. En effet, je trouve que le gros plateau en début de Diago est un peu présomptueux.
Bernard AUSSILLON, Daniel TUDON, Francis TOUZEAU, Daniel CRISTIN(P-B)
Le jour n'est pas encore levé lorsque nous repartons de Rochefort pour parcourir les 40 km qui nous séparent de Royan où nous devons prendre le bac vers 7h30 pour traverser l'estuaire de la Gironde. La traversée, qui dure environ une heure, est très appréciée : elle nous permet de prendre tranquillement un petit déj vraiment copieux servi par une dame oh combien sympathique, et de goûter un rare moment de repos en respirant l'air du grand large avant d'attaquer la longue traversée des Landes.
Cyrille ELLART, Serge FLAMAND, Didier FORESTIER, B. PATOUX(D-H)
L'ascension du col de Cabre débute au petit jour par une montée souple au pourcentage acceptable. La descente facile sur Luc-en-Diois nous permet d'apprécier le pittoresque passage du Saut de la Drôme, puis nous nous engouffrons dans sa vallée descendante qui nous mène à Die.
Laurence CRETON, Olivier BOUTINAUD(M-B)
Une compétition cycliste est organisée sur mon parcours. Une centaine de participants va me talonner, klaxonner, pousser, pas un mot de connivence' Pauvre sport'
Josiane LESNE(B-S)
Dijon, une magnifique piste cyclable le long du canal de Bourgogne me tend les bras et je ne m'en prive pas. Ce n'est plus que du tourisme, pas fluvial, mais simplement cycliste.
Claude BERNARDON(H-S)
14 juillet: à Dannemarie, nous aurions bien fait un arrêt pour nous restaurer un peu mais aucun café, aucune boulangerie ne sont ouverts sur notre passage, pourtant il est près de 8h. Nous ne nous attardons pas et pensons trouver du ravitaillement dans l'un des villages sur notre parcours. Hélas, nous ignorions qu'en ce jour de fête, en Alsace, tous les commerces étaient fermés.
Véronique et Jean-Marie NUNS(P-S)
Debout à 4h, soupe, crêpes et départ à 5h. Encore quelques bosses et après avoir traversé les derniers champs de rillettes, nous attaquons la Beauce. Il fait beau. Un agriculteur nous accompagne quelques kilomètres avec son tracteur; Dominique lui demande s'il ne va pas à Strasbourg.
Dominique DUGUEPEROUX, Claude CAMPENON, Michel FOUINET(B-S)
Contrôle rapide à Ahun. Au bout de quelques kilomètres, nous attaquons d'interminables montagnes russes qui dureront jusqu'à la fin de cette journée, avec environ deux mille mètres de dénivelée. C'est le prix fort à payer pour circuler sur des routes tranquilles et découvrir la France profonde.
J.C. ROMARY, J.P. ROYER(S-H)
Il est 4h30 et Dunkerque ne s'éveille pas. Les grands oriflammes du port se tendent vers l'Est, par ce vent d'Ouest : "Ecoutez le venir". L'atmosphère est agréable, bien que frisquette. La piste cyclable, que longe le canal (que nous avons retrouvé), est cyclable et la grande traversée commence, vent en poupe, sur un parcours agréablement calme, jusqu'à St-Omer, où nous cassons une croûte, en compagnie d'une flottille de canards bavards et d'un pêcheur solitaire et bien matinal.
Dominique MAN, J-L ORDONNOZ, J-L VILLENEUVE(D-H)
Le Mont Cassel, même raboté dans son contournement, nous permet de terminer notre échauffement. A la sortie, nous conseillons la petite route, D53, vers Hazebrouck par Ste-Marie-Cappel et Hondeghem. Elle est tranquille et plus courte que les grandes départementales voisines, et cela donne le temps de bien voir les grandes étendues cultivées plates et fertiles. ['] . En traversant le pays minier, on remarque les belles maisons en brique et les vieilles demeures en torchis, souvent très bien rénovées. Nous n'avons pas le temps de prendre des photos, ni de faire une halte à N.D.-de-Lorette. Nous passons facilement Arras, par le centre en devinant la direction de Peronne. Les photocopies des cartes Michelin sont très utiles pour rechercher les routes.
Yvon LEBARBIER, Pierre DEUX(D-M)
Quelques étoiles dans le ciel Nord-Est parisien nous indiquent que la journée sera ensoleillée, température fraîche mais agréable. Quelques lève-tôt nous dépassent sur les N32 et D66 et doivent bien se demander ce que font des cyclistes sur la route à cette heure matinale, pédalant sur des engins équipés de garde-boue et d'éclairage, ce qui est rare dans la région, pas les cyclistes mais l'équipement.
J-N DE RUDNICKI, Alain ODELOT, Bernard COSSU(D-P)
L'itinéraire que nous empruntons entre Crémieu et Virieu est un véritable casse-pattes. Les noms de baptême des lieux-dits et villages rencontrés sont d'ailleurs conformes au type de relief rencontré. En effet, nous découvrons successivement sur ce tracé Saint-Chef, Reculefort, Montagnieu.
Pierre BRON, Joël LE DENMAT(D-M)
Les trente derniers kilomètres entre Nice et Menton sont un calvaire: chaussées en très mauvais état (nids de poule, plaques d'égouts'), côtes assassines et voitures de luxe qui vous serrent sans vergogne contre les trottoirs. Le message est clair, un cycliste n'a rien à faire ici. Je mets mes slicks sur les vibreurs rouge et blanc du circuit de F1 de Monaco et entre dans Menton à la fois stressé et soulagé de toucher au but.
Jean Luc GIROD(B-M)
Descente rapide vers les Gorges du Tarn et remontée en lacets sur une route étroite. Un autocar de ligne et un camion-citerne me doublent dans cette montée. Il ne faut pas être manchot pour conduire ces engins sur des routes aussi étroites!
Jean-Louis LEBEAU(D-P)
Je lorgne avec plaisir sur le château de Joux, de l'époque médiévale, 17ème ou 19ème siècle, la visite sera pour une autre fois. Les nombreux et merveilleux petits lacs jouxtant la montée sur Malbuisson me rendent l'avancée moins pénible.
Francis RAULT(S-P)
Bretagne:
Nous respectons à la lettre notre tableau de marche et cela irait plutôt bien si nous ne rencontrions de grosses difficultés à trouver des points d'eau: pas de fontaine sur les places des agglomérations traversées' par ailleurs éclairées avec parcimonie. A Rostrenen, c'est sous l'éclairage de notre torche que nous postons notre carte postale, la Bretagne doit être la championne de l'économie d'énergie.
Bernard GAY, Antoine MAZA(B-M)
Une déviation entre Pontivy et Josselin m'oblige à faire un détour de neuf kilomètres et à passer par le petit village de Radenac. Un sympathique garagiste, bientôt à la retraite et fou de vélo, m'indique la maison natale de Jean Robic, vainqueur du Tour en 47. Le détour est obligatoire! Je découvre derrière l'église, en retrait, une charmante petite maison en pierres sombres, aux volets bleus. Je dois répondre à une foule de questions sur mon périple mais aussi sur le cyclisme pro, le dopage dans le Tour'Que dire que ces faits divers sont à des années-lumière de ce que je suis en train de vivre à cet instant: le cirque Barnum, l'argent, la foule et les tricheurs d'un côté, une aventure personnelle, un défi à relever, loin des regards, de l'autre.
Jean-Luc GIROD(B-M)
La montée au Roc Trévezel est un des meilleurs souvenirs de cette Diagonale. Toute la vallée est baignée dans la brume qui semble avoir "chloroformé" les villages dont on n'aperçoit que la pointe des clochers d'églises. Vision surréaliste de toute beauté.
Thérèse et Michel WAQUET(B-S)
Épilogue:
La portion Montendre-St-Savin à travers la forêt s'éveillant dans les brumes du petit matin, les chevreuils musardant tranquillement à l'orée des bosquets, les odeurs de terres, d'humus, de feuilles exhalées par l'humidité d'une nuit d'été créent en moi un sentiment de quiétude, de bonheur. Le diagonaliste vit par et pour ces moments où le temps semble suspendu. C'est la trêve dans la nature, chasseurs et chassés semblent respecter cette loi immuable.
Pascal COUDERT(B-P)
Section nocturne pour diagonalistes épris de liberté, gourmands d'aventure, amoureux de la lune' ou plus prosaïquement contraints de pédaler nuitamment pour respecter les délais.
Route de nuit:
Une douce nuit sans vent ni chaleur excessive nous permet d'enfiler les kilomètres à bonne allure et nous rattrapons notre retard assez rapidement. Le jour se lève sur la Méditerranée et nous profitons du paysage entre Agde et Sète. Une multitude de personnes dorment sur la plage, après des heures certainement passées à danser, les yeux pleins de fatigue d'une nuit sans sommeil. Nous les regardons presque avec envie se laisser entraîner dans les bras de Morphée.
Alain ROY, Jean Michel VERMEIRE(P-S)
Sus au gros morceau de la Diagonale, la Cayolle, pas tout aujourd'hui ! Et m', ma lampe vérifiée avant le départ ne va plus, les piles de réserve n'y changent rien mais les clignotantes blanche et rouge, celles au bras gauche clignotent, ma chasuble se voit, la lune éclaire bien' Entraunes, 23h, 14º, hésitation, je continue pour profiter de ma forme, toujours excellente le soir ou j'en reste là car monter signifie descendre' au thermomètre ! Un peu plus haut, un endroit correct pour le bivouac, stop. Samedi 21 août. Dans la nuit finissante, je reprends l'ascension des 2327 mètres qui seront mon sommet en Diagonale. La Cayolle, pour moi tout seul, avec le soleil qui se lève pour m'encourager. A 7h, pour la photo, je hisse mon vélo sur la plaque des départements alpins.
Michel CORDIER(M-D)
Les conditions sont sensationnelles pour la première nuit de vélo. Magnifique clair de lune, vent léger et favorable, routes roulantes pas trop compliquées à repérer.
Hervé THOMAS(S-B)
A Arthon, les hôtels ont mis la clé sous la porte. Pas question d'y trouver repos. Nous continuons encouragés par l'absence de relief . On se prépare psychologiquement à passer la nuit sur le vélo. Pour affronter cette nouvelle difficulté, nous ingurgitons deux sandwichs au fromage dans un routier puis modifions notre tenue vestimentaire: baudrier, jambières. Nous voilà prêts pour une insomnie.
Laurence CRETON, Olivier BOUTINAUD(M-B)
La lune qui pourrait nous faire profiter d'une nuit bien claire se montre rarement à cause des nuages. La sortie de Vesoul est impressionnante et lorsque l'on se retourne, après trois kilomètres de montée, c'est une véritable mer de lumières qui est à nos pieds. Pendant quatre-vingts kilomètres, c'est une succession de bosses avec de la circulation, mais notre signalétique, lumineuse et vestimentaire, semble efficace, car voitures et camions s'écartent vraiment lors des dépassements.
Pierrette et Guy GUILLOTEAU(S-H)
Comme toujours, les frayeurs des nuits du samedi au dimanche reviennent lorsque je dépasse les boîtes de nuit. Les souvenirs sont encore trop présents des deux camarades écrasés par des chauffards lors des brevets de 400 kilomètres de Paris-Brest-Paris du mois de mai dernier. Je regarde toujours avec inquiétude la direction des phares des voitures qui vont me doubler, et intérieurement, je pousse un ouf de soulagement lorsque je vois leur faisceau bien à gauche.
Robert DE RUDDER(P-D)
Pas d'autre solution; il faut rouler de nuit pour la deuxième fois. L'ascension du col de Toutes Aures, 1124m, se passe bien, la descente beaucoup moins. De nuit, nos éclairages ne permettent pas de descendre les cols à 60km/h. Nous perdons du temps et la descente est dangereuse avec ses nombreux virages. Il fait froid. Le moral est au plus bas. Le manque de sommeil se fait sentir, c'est la galère' Nuit de cauchemars épouvantables, chute sans gravité en frôlant le trottoir. Un quart d'heure de repos, et on repart. Les jambes continuent à tourner par habitude.
Pierre DEUX, Yvon LEBARBIER(D-M)
Le jour n'étant pas levé, les lumières étaient de rigueur. Etant le seul équipé à l'avant et à l'arrière, j'étais donc tout désigné pour ouvrir la marche. Paul se plaçant en dernier car ayant un feu rouge à l'arrière. Bernard, téméraire n'ayant pas d'optique se situant derrière moi, Jean-Paul équipé d'un brassard lumineux roulant devant Paul.
Paul GOUTAILLER, Gérard FAYET, J-P CHAVALARD, Bernard BERTINELLI(D-H)
Comme chaque matin, je vais rouler une bonne heure avec éclairage jusque Doué-la-Fontaine. J'apprécie la toute-puissance de la nouvelle dynamo latérale que m'a procurée Michel Laloux, et ce même à vitesse réduite. Contrairement à une idée reçue, l'alternateur latéral, s'il est bien réglé, ne freine pas la progression du cycliste, 1 voire 2% tout au plus.
Pierre ETRUIN(D-H)
Haltes de hasard:
Gondrecourt. Lieu de nuit. Il est 21h30. L'hôtel fermé. Soirée privée. Le bistrot m'affirme que je trouverai une chambre d'hôte, là-haut, au château. Va pour la grimpette. Nobody dans cette grande demeure' Je tente l'opération charme sur la place, hélas aucun succès. Il est 22h. Crevée, trempée, affamée, je fais l'inventaire. Derrière le gîte, une grange ouverte à tous les orages, au foin pourri. Un cabanon à moutons, fenêtres cassées. Ne reculant devant aucune horreur, je m'installe sur une planche au sol. De peur que les rats ne les bouffent, j'ai gardé mes chaussures trempées aux pieds, mon casque pour oreiller. Recouverte de toute ma garde robe, je m'enroule dans mes couvertures de survie. Jusqu'où ira la déchéance.. Je viens juste de sombrer, lorsqu'une lampe me braque. .. La taulière, avisée qu'un squatter rode dans sa bergerie, vient me proposer sa piaule. Allez au diable, je dors' enfin presque, dix fois je me redresse pour m'écraser à nouveau. Tant et si bien que j'ai cloué le bec à la sonnerie du réveil. Il est grand jour, et cinq heures lorsque je sors de mon antre'
Josiane LESNÉ(B-S)
En voilà fini avec les Landes. Prochain village, Sauveterre-de-Guyenne. Quelques bonnes côtes me réchauffent. Le vent est tombé, la pluie est fine, la nuit noire. Je continue sur Ste-Foy-la-Grande. Les yeux me piquent et le sommeil me hante. Je m'arrête dans un cimetière pour remplir mon bidon et m'asseoir quelques instants sur une tombe proche. Accroupi sous ma cape, je m'endors quinze minutes environ. Réveil en sursaut ne sachant pas si j'ai seulement fermé les yeux ou dormi deux heures. Je repars sur Mussidan. A nouveau le sommeil m'attaque et je manque à deux fois de tomber après avoir traversé la route. Dans le noir, un petit chemin à droite bordé d'un talus accueillant fait mon affaire. Je me mets sur le côté, la tête dans la capuche et me laisse aller au repos des paupières. Il fait jour lorsque je me réveille à 6h30. J'ai dormi 1h30 et je me sens comme neuf.
Alain ROY(H-S)
Nous continuons jusqu'à Mauriac où nous arrivons vers 23h. Nous nous allongeons près d'un lavoir et décidons de nous réveiller à 4h, mais la montre ne sonne pas, d'où un réveil à 5h et départ à 5h30.
Jacques LAHAIRE, Olivier DELVAL(P-D)
Les kilomètres défilent rapides le long du Rhône qui, curieusement, descend vers le Nord. Je n'aurais pas dû oublier de le colorier sur la carte, cela m'aurait sans doute évité de perdre un quart d'heure à chercher la route à gauche après sa traversée. La lune me désigne un coin d'herbe près d'un bois pour dérouler mon matelas-mousse. Trois heures et demie de retard sur l'horaire prévu avec deux heures quarante de bonif, ce n'est pas bon, mais la montagne est derrière, la forme bonne et le ciel serein, je peux dormir à l'aise[']. Alésia, 20h20, j'ai l'art de dénicher les contrôles en aller-retour, sans regret, la mémoire de tous ces valeureux qui ont combattu dans cette belle région valait bien une escalade, récompensée par un repas trouvé sans mal à cette heure tardive. Mais j'ai encore trois heures de retard, draps et couverture s'envolent. Et puis zut, l'hôtel F1 de Tonnerre me tente trop. Fermé exceptionnellement. En haut de la ville, une vigne accueillante m'abrite.
Michel CORDIER(M-D)
La traversée de Vesoul s'effectue à 1h du matin. Malheureusement, le premier problème se présente, nous ne trouvons plus notre route. Il n'y a que des voies express. Pas d'affolement ! Regardons notre carte routière et envisageons de faire un détour. Eureka ! à la sortie de l'agglomération, nous sommes enfin sur la bonne route, celle de Gy. Il est 2h. Le sommeil nous gagne. A notre gauche, un petit village se profile et nous décidons de faire une halte pour récupérer. L'ancien lavoir va nous servir d'hôtel, nous n'avons pas mieux sous la main et nous nous y installons pour dormir.
Jacques FLORES, Jean SEGARRA(S-H)
Il est près de 23h, nous arrivons à Combres, petit bourg à 20 km de Nogent le Rotrou. J'ai besoin de dormir. On s'allonge dans un petit parc près de la mairie. Hubert rentre dans son sursac. Je m'allonge tout contre la haie. trente minutes après, il pleut. On trouve à 20 mètres un local ouvert avec des bancs à l'intérieur. Il fait froid' Hubert me réveille une heure après tellement je tremble. Je m'enroule dans une bâche trouvée dans la pièce et je m'endors' enfin!
Philippe ALLOT, Hubert FREY(S-B)
Je n'arriverai pas à Montluçon comme prévu car il reste quatre-vingts kilomètres et je suis fatigué. J'avise un jardin public, un large banc. Mon grand imperméable me sert d'oreiller et je m'endors avec les étoiles comme toile de tente. Le froid me réveille vers 2h45, le temps de reprendre mes esprits et je décolle à 3h dans la nuit devenue brumeuse et froide.
Jean-Luc LEBEAU(D-P)
A Yvonand, la nuit commence à tomber et la circulation est toujours aussi dense. Les Suisses ne doivent pas se coucher tôt, me dis-je. Je fonce pour essayer de gagner un peu de temps et aller jusqu'à Cossonay, objectif de ma première journée. A 0h30, j'y suis enfin. J'ai une chance inouïe. Tous les deux ans le village fait la fête et, justement, elle a lieu aujourd'hui. Le président m'offre un thé glacé pendant que son collègue s'en va quérir un tampon pour pointer mon carnet. J'ai rencontré des gens charmants qui, j'en suis certain, si je ne leur avais pas précisé que je voulais repartir très tôt, m'auraient volontiers offert de m'héberger pour le reste de la nuit. Mais reste à savoir à quelle heure aurait débuté ma nuit car tous ces Suisses pensaient plutôt à danser et à faire la fête. Finalement, j'ai trouvé un banc public sur lequel je me suis endormi comme un bébé pour trois heures de sommeil réparateur.
Pierre BEDELET(S-P)
C'est la cour de récréation où l'on joue avec les mots (pour oublier les maux?).
A Belfort, nous abandonnons la 83 pour rejoindre la vallée du Doubs. Tout Sochaux' et tous au frais! Le paysage est boisé et la rivière paisible.
Guy DESGRANGES, Robert TABARIN(S-P)
Fraize. 5h30. km 975. Il aurait été plaisant et rafraîchissant d'effectuer l'étape Vittel-Fraize' A défaut, l'étape Vesoul-Fraize, et la nuit, s'achèvent dans la descente de notre sixième col.
Annie, Guillaume et Alain CHARRIERE(P-S)
Nous traversons le palindrome: Sarras, petite commune de l'Ardèche. Cela m'inspire une réflexion. Les Diagonales peuvent-elles être assimilées à des palindromes ? En effet, que l'on fasse Brest-Menton ou Menton-Brest, la proposition garde le même sens, on effectue une Diagonale. Mais ce n'est pas si simple. Un rappel de la définition. Palindrome: groupe de mots qui peut être lu indifféremment de gauche à droite ou de droite à gauche en conservant le même sens. Après vérification, cette hypothèse est erronée. Car si on peut faire des Diagonales dans les deux sens, on ne peut les lire de gauche à droite ou de droite à gauche. Seul Sarras est un vrai palindrome ou la proposition suivante: "Esope reste ici et se repose".
Laurence CRETON, Olivier BOUTINAUD(M-B)
Les diagonalistes achèvent leur périple et jettent sur la feuille joie, fierté, regrets et projets. Chapeau à toutes et à tous!
Arrivées:
Perpignan:
J'en ai plein les bottes et mon moral est au plus bas. Je jure au fond de moi que je ne recommencerai jamais plus une Diagonale' seul. Je pense même un moment à l'abandon. Je me ressaisis en me disant que se serait trop bête, je suis si près du but. C'est décidé, je continue[']. J'arrive enfin à Perpignan où je pointe à 6h30. J'ai si mal aux pieds que je demande aux policiers s'ils m'autorisent à ôter mes chaussures, non sans les avoir prévenus que ça risquait de sentir plutôt mauvais. Je vous laisse imaginer leur tête lorsque j'ai eu les doigts de pieds à l'air ! J'en ai même vu un qui se pinçait le nez!
Pierre BEDELET(S-P)
Menton:
Après avoir tamponné au commissariat, nous essayons de dormir enfin sur les bancs du jardin public. C'était sans compter sur l'arrosage automatique qui se déclenchait sans prévenir, nous obligeant à changer de place. Un petit déjeuner est pris dès que possible. Il ne nous reste plus qu'à attendre le départ du train: 21h44.
Bernard LABURTHE, Jean Pierre ROUBIN, Joseph OLAZAGATZI(D-M)
Dunkerque:
J'ai réservé pour deux nuits à l'Auberge de Jeunesse, mais cette dernière est fermée le dimanche jusqu'à 18h. En attendant, il me faut me changer, manger, trouver un endroit où entreposer le vélo et les bagages. Ce sera fait dans un restaurant sur la digue de mer, où lors du repas, je m'endormirai profondément -je ronflais dira mon voisin de table- entre le hors d'oeuvre et le plat principal. Je recommencerai trois heures plus tard sur un banc, face à la plage au milieu d'une foule immense et près d'une sono tonitruante. Je pense que je manquais de sommeil et que ces quatre dernières journées m'avaient quand même marqué.
Robert DE RUDDER(P-D)
Brest:
Nous pouvons savourer cet instant pendant que le policier de garde, amicalement, nous cherche une chambre d'hôtel en appelant les établissements de la part du commissariat central. Ca aide quand on sait que la plupart des hôtels brestois sont complets cette nuit. Pour une fois, on a le droit à l'assistance' des forces de l'ordre.
Laurence CRETON, Olivier BOUTINAUD(M-B)
Strasbourg:
Que dire de l'émotion à l'arrivée dans la rue de la Nuée Bleue, si ce n'est qu'elle fut réelle. Dans l'album des souvenirs, une Diagonale en couple à 55 ans aura une valeur sentimentale certaine. Mais c'est plutôt l'après-diagonale que j'ai apprécié. Nous avons passé deux jours à visiter Strasbourg qui est une ville formidable pour les vélos. Si vous aviez vu toutes ces bicyclettes arriver le long des quais pour assister au feu d'artifice. Elles étaient les vraies reines de la ville, et elles régnaient en maître puisque les voitures sont interdites au centre-ville.
Thérèse et Michel WAQUET(B-S)
Hendaye:
La grande descente, le bord de mer, le port, la gare et enfin le commissariat. Il est 11h. Nous sommes heureux ! Cette sacrée Diagonale est enfin terminée. Voilà donc les neuf Diagonales Françaises enfin bouclées avec des bons et des mauvais souvenirs. Mais chacun le sait, il ne reste que les bons moments.
Jacques FLORES, Jean SEGARRA(S-H)
La Diagonale est finie. Bernadette a trouvé ça assez difficile, mais elle est vraiment contente de l'avoir réussie. Au fait, il faudra demander à ses pieds ce qu'ils en pensent' Hier, elle jurait de ne plus recommencer. Aujourd'hui qu'elle est arrivée, elle réfléchit. Demain, elle me dira que si elle en refait une, ce sera comme ceci et comme cela.
J'apprendrai, plusieurs jours après, qu'on en refera une ensemble, l'année prochaine, mais la plus facile. Jean-Pierre lui a dit que c'est Strasbourg-Perpignan. Si Jean-Pierre l'a dit, alors' A l'année prochaine, Bernadette.
Bernadette GAYET, Robert DE RUDDER(D-H)
En guise de conclusions:
Cette Diagonale Dunkerque-Perpignan réussie deux ans après un échec restera un merveilleux souvenir, où les régions traversées sont magnifiques par leurs rudesses, leur tranquillité et leurs beautés naturelles.
Philippe CARPENTIER(D-P)
Ça y est, les 9 sont dans la poche, je savoure, heureux d'en avoir terminé et pourtant, je n'exclus pas' qu'elles me manqueront peut être.
Francis RAULT(S-P)
Rocades, bretelles, ronds-points, stops, feux tricolores, béton, travaux, tuyaux, autos, motos, camions! Monsieur Vélocio, voilà ce que sont devenues les jolies routes ombragées des années 30! ['] Routes et autoroutes, nous rentrons chez nous. Parfois de notre habitacle aquarium qui file à 130, nous apercevons dans le paysage urbain, de frêles cyclos qui pédalent dans une tempête d'automobiles.
Guy DESGRANGES, Robert TABARIN(S-P)
Je pense de cette randonnée qu'elle a été la plus difficile des trois au départ de Dunkerque, peut-être est-ce dû à mon âge, j'ai maintenant 38 ans'
[NDLR1: sic]
[NDLR2: il faudra que je fasse des statistiques sur l'âge des diagonalistes... à vue de nez, je pense qu'un quart seulement d'entre eux a moins de 40 ans!]
Ce fut tout de même très dur et c'est avec 6 kilos de moins que je contemplais le compteur et étais fier, très fier de ces 1277 kilomètres.
Jean-Maurice LAURENCE(D-P)
J'ai pu mesurer mes limites, mes ressources. J'ai constaté une plus grande facilité à communiquer en logeant en chambres d'hôtes. Après l'effort, j'ai pris plaisir à m'offrir un petit resto pour m'encourager, avec des moments de plénitude, de bien-être qui n'appartenait qu'à moi et que j'ai savouré. J'en sors grandi dans l'âme.
Hugues LECLERCQ(D-H)
C'est la première fois que j'effectue une Diagonale sans passer une nuit sur le vélo. Avec cette formule, on est toujours en limite de temps. Si nous avions eu de la pluie ou des incidents matériels dans la dernière étape, nous n'aurions jamais pu terminer dans les délais. Avec la route nocturne, on est souvent avec une marge de sécurité plus importante. Peut-être étions-nous trop chargés ? Ayant accompli Hendaye-Menton au mois de juillet, j'avais moins de vêtements à traîner. Je pense que fin juin et début juillet, c'est l'époque rêvée.
Jean Marie DURAND, Louis ESTRADE, René LUCHAIRE(B-P)
Rien ne doit être laissé au hasard pour avoir une chance de réussite. C'est une épreuve sportive, une lutte contre le chronomètre, tous les instants comptent, tout doit être ordonné, programmé. Dès que le coup de tampon de départ est donné sur la carte de route au commissariat de départ, la pendule démarre et le seul objectif est d'arriver au but choisi, dans le délai imparti.
Jean BLAEVOET, René BOULET(H-M)
Plus que dans les précédentes, j'ai pu me rendre compte qu'une perte de temps est synonyme d'un repos d'autant réduit et entraîne dans la foulée d'autres difficultés, plus d'heures de selle, difficulté à trouver un gîte aux heures trop tardives.
Philippe ALLOT, Hubert FREY(S-P)
Mon ami Pierre m'ayant sollicité depuis quelques années déjà pour l'accompagner lors d'une Diagonale, j'avoue que je n'étais pas très emballé. Habitué à rouler de manière assez tonique, je me voyais assez mal en "vieux sacochard" avec appareil photo, sandwichs'etc, en suivant un tableau de progression basé sur une moyenne de 22 km/h. Ma grande surprise a été de constater que les sujétions, vérifications d'itinéraire ont rendu difficile le respect de la base choisie. Il a été en effet nécessaire de rouler fréquemment à 30 km/h, voire davantage dans les sections favorables, pour réaliser à peu près cet objectif.
Pierre BRON, Joël LE DENMAT(D-M)
Minutieusement préparée, parfaitement gérée, accomplie avec l'aide d'une météo plutôt favorable, cette Brest-Perpignan doit sa réussite non seulement à l'équipe parfaitement soudée, mais aussi, sinon surtout, à tous ceux et celles dont les noms -et il en manque encore beaucoup- parsèment ce modeste compte-rendu et qui, à la maison ou sur la route, nous ont insufflé courage et confiance, soutien et encouragement.
Roger GABORIAU, André TIGNON, Marcel LEFEBVRE, Christian FIEVET(B-P)
Je retiendrai de ces deux Diagonales que nous avons bénéficié de conditions climatiques particulièrement favorables même si la pluie a fait son apparition. La réalisation d'une Diagonale, ce n'est malgré tout pas une promenade santé, et la réussite se joue sur le plan physique mais surtout moral. On voit défiler des paysages magnifiques, Morvan et autres, malheureusement le temps imparti ne laisse pas la place au tourisme et à la contemplation. Je ne saurais terminer ces quelques lignes sans adresser un grand merci à René Boulet qui a tracé les itinéraires, qui a su me conseiller au bon moment et que j'ai pu observer: avec lui, j'ai beaucoup appris.
René BOULET, Joël LAMBERT(H-D)
Le cycle des 9 Diagonales est pour moi accompli, je suis ému et très heureux en pensant à ma femme et à ma fille qui me suivent au gré de mes coups de téléphone à la maison' Au commissariat, une très grande émotion me monte aux yeux, mon coeur semble éclater.
William COULEVRA, Hervé FRANCOIS, Bernard CORDIER(B-P)
En conclusion, toutes les Diagonales sont difficiles. Il faut se surpasser à chaque fois, parcourir 350 kilomètres par jour et plus, et puis, nous deux avons la spécialité de faire des petits détours qu'il faut ensuite compenser. De toute façon, il y a toujours un plus en kilomètres du fait des contours par l'extérieur des grandes villes. Bien préparés, 4 kilos ont été perdus sur ces 3 jours, pour ce grand raid sans ennui d'alimentation ni de sommeil (6 heures en 3 jours), en grande forme sur les 300 derniers kilomètres, du matériel performant, c'est quand même grandiose ces voyages. Ils laissent des souvenirs plein la tête et dans les yeux. Le respect des gens que l'on côtoie quelques instants et aussi, et surtout, le dépassement de soi-même sur le plan physique pour surmonter les moments difficiles.
Claude JOLLY, Jean-Marc GAUTHIER(S-P)
Merci à l'inventeur des Diagonales, car s'il est vrai qu'on y souffre, il est vrai aussi que c'est une expérience enrichissante qui sera un souvenir indéfectible.
Dominique MAN, Jean-Louis ORONOZ, Jean-Louis VILLENEUVE (D-H)
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